2 juin 2014 1 02 /06 /juin /2014 07:50

Documentaire réalisé par Stéphanie Valloatto présenté à Cannes (hors compétition) 

Avec Plantu (France) Pi San (Chine), Jeff Danziger (USA) Mikhail Zlatkovsky, (Russie) Nadia Khiari (Tunisie), Michel Kichka (Israël), Baha Boukhari (Palestine), Angel Boligan (Mexique), Damien Glez (Burkina Faso), Rayma Suprani (Venezuela), Baki Boukhalfa (Algérie), Kurt Westergaard (Danemark), Lassane Zohore (Côte d'Ivoire)

 

 

caricaturistes.jpg Si le documentaire affiche (dès le titre) une volonté manifeste de rendre hommage à ces dessinateurs de presse, ces "fantassins" qui "luttent" pour la liberté d'expression (souvent bafouée), force est de constater que la forme choisie est assez décevante. Hormis le générique -où se mêlent images d'actualité et dessins des caricaturistes- et les tout derniers plans -défilement rapide des différents ancrages quotidiens-, le reste au montage souffre des insuffisances typiques des docus TV: tant dans le rythme, que dans l'orchestration des commentaires; un va-et-vient répétitif et convenu: tel moment d'émotion (gros plan sur le visage tuméfié du dessinateur syrien et sur ses mains "bousillées" par les  tortionnaires de Bachar ..) sera placé avant telle séquence plus informative; d'où cette impression désagréable de "formatage" (= application de recettes prétendues efficaces)

Un dessin/caricature ne fait sens que s'il est mis en perspective. Mais dans l'effort de "recontextualisation" on devine souvent les clichés de la doxa occidentale. Le "fantassin de la démocratie" est censé combattre l'obscurantisme de "la pensée unique" et le film qui lui rend hommage tomberait dans ce piège? Il suffit d'écouter Rayma Suprani égrener tous les griefs de la presse d'opposition au Venezuela à l'encontre du "monstre" Chavez ou d'entendre les propos de Lassane Zohore sur l'élection d'Ouattara (légitime...); on peine à croire (Michel Kichka) qu'on a érigé le Mur dit de "Sécurité" sans se soucier du sort de ceux qui vivraient de "l'autre côté"...les Palestiniens!

La caricature -politique- est une arme. Son humour corrosif peut "choquer" . Kurt Westergaard (Danemark) se souvient: en caricaturant le prophète Mahomet avec un bonnet en forme de bombe, il dénonçait l'intégrisme musulman; réponse? une violence inouïe à l'échelle planétaire.. Plantu a des déboires avec des intégristes cathos: une vignette représentant Benoît XVI sodomisant un gamin les a indignés; l'auteur, lui, fustigeait l'hypocrisie de l'Eglise. Angel Boligan (Mexique) sait pertinemment que certains sujets sont prohibés (l'armée par exemple) sous peine de... La "bien-pensance" ne saurait faire bon ménage avec la facétie audacieuse, la provocation et l'impertinence; Anastasie rôde encore dans les démocraties dites "confirmées" mais elle cisaille allègrement ailleurs où la presse est muselée.

 Si dans ce documentaire, Plantu est sur-représenté, c'est qu'il est plus ou moins à l'initiative du projet, en tant que fondateur et président de l'association "Cartooning for Peace"(2006) et ami du producteur Radu Mihaileanu. Il joue ainsi le rôle de "passerelle" entre les différents pays. On le voit, entre autres, avec Yasser Arafat en 1990 et Simon Peres en 1992; chacun va apposer sa signature sur le même dessin et ce, avant l'entérinement des accords d'Oslo!!!

 Pour commenter l'actualité en Tunisie, depuis le départ de Ben Ali, Nadia Khiari a créé un personnage, Willis le Chat;("Willis from Tunis") mais depuis la victoire des Islamistes, l'encre s'est empourprée de sang!

 

 

Colette Lallement-Duchoze

 

 

Partager cet article
Repost0

commentaires

Mode d'emploi

Ce blog est destiné à collecter nos ressentis de spectateurs, à partager nos impressions sur les films (surtout ceux classés Art et Essai).

Envoyez vos articles ou vos réactions à: artessai-rouen@orange.fr.

Retrouvez aussi Cinexpressions sur Facebook

 

 

Recherche