16 mars 2013 6 16 /03 /mars /2013 08:21

film de  Bruno DUMONT avec Juliette Binoche, Jean-Luc Vincent, Emmanuelle Kauffman

 

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Le titre lui-même a valeur programmatique. À l'inverse de Nuytten, ce qui intéresse B Dumont ce sont uniquement ces 3 jours d'attente en l'an 1915 (le frère de Camille a annoncé sa visite) dans une atmosphère délétère, c'est la solitude fondamentale, existentielle; c'est le silence térébrant de l'asile de Montdevergues -que vient déchirer parfois le cri de la Douleur. Attente et enfermement asilaire, telle est la dynamique interne du film (du moins dans sa première partie), illustrée par tout un jeu d'alternances. Alternance de plans où Camille la recluse (bouleversante Juliette Binoche qui en l'absence de maquillage métaphorise le dénuement même) est vue seule en gros plans -visage de glaise- travelling -une silhouette qui va se confondre avec le néant- en frontal, de dos ou encore cadrée nue dans le bain à la manière de Degas, et ceux où elle "accompagne" les aliénées (plans rapprochés sur deux femmes dont Camille ou plus larges sur la micro communauté, gros plans sur des bouches édentées). À cette alternance qui en fait crée un effet spéculaire -les autres comme miroir de soi- s'ajoute le va-et-vient intérieur/extérieur; mais les "échappées" hors les murs loin d'être la respiration vivifiante, semblent enfermer encore plus Camille. Perdue elle l'est assurément dans cette nature qui fleure si bon le Sud-Est; son regard parfois hébété semble capter un par-delà inaccessible. Comme dans "Hors Satan" Dumont excelle dans les cadrages et la bande son...

Attente du frère, attente d'une libération?. Quand Paul, l'homme de théâtre grandiloquent (Jean-Luc Vincent) "rencontre" sa sœur -après avoir confié à son "journal" (?) réflexions et impressions empreintes de mysticisme -, le spectateur sait qu'il assistera à "une mise au tombeau" (dès les premiers instants, la fougue de Camille qui se blottit contre la poitrine de son frère, ne contraste-t-elle pas avec la froideur distante de Paul?...)

 

 

"Dans mon cinéma, le moins fait le plus. Souvent, les petits sujets font les grands tableaux" Bruno Dumont

 

 

Colette Lallement-Duchoze

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