Documentaire de Céline Danhier (réalisé en 2009; après un séjour de 3 ans à New York pour sa recherche sur la "no wave")
Céline Danhier nous plonge dans le New York des années 70, et plus particulièrement dans le quartier de Lower East Side. Univers crasseux (immeubles délabrés envahis par les rats) et foldingue, car il fut le carrefour d'une musique et d'un cinéma aux dissonances revendiquées et assumées, (les artistes, ces "naufragés du rêve américain", sont à la fois musiciens plasticiens cinéastes et créent avec les "moyens du bord" Personne ne faisait ce qu’il savait faire, les musiciens peignaient, les peintres faisaient de la musique et des films, affirme John Lurie). Un univers qui voit le triomphe de la "No-Wave" , ce mouvement anarchiste proche du dadaïsme, dans son refus des productions hollywoodiennes et sur fond de guerre du Vietnam. (à rappeler que No Wave New-Yorkais est caractérisé par le mouvement Do It Yourself, lancé par les punks au début des années 70)
Et pour rendre compte de l'effervescence jubilatoire et frondeuse, la réalisatrice a opté -au montage- pour un rythme débridé. Ainsi défilent, sans temps mort, interviews, extraits de films, images d'archives. Le spectateur voit entend Jim Jarmusch, John Lurie (un de ses acteurs fétiches) Steve Buscemi, James Chance, Susan Seidelman, Amos Poe, etc. (la liste serait longue); il assiste à la naissance du cinéma indépendant, du cinéma de la "transgression", d'un cinéma viscéral et souvent "trash" Et comme les créations de cette époque ressemblaient plutôt à des fragments, sortes d'instantanés, le documentaire de Céline Danhier, se donne à voir aussi comme tentative de décloisonnement, de puzzle que la seule énergie démiurgique sera à même de "reconstruire"
Un documentaire "original" avec ses turbulences qui donnent le tournis; une compilation très "fouillée" (certains auront l'impression de fouillis); clins d'oeil complices pour les initiés, surprenante découverte pour les autres !
Colette Lallement-Duchoze