Film de Konstantin Bojanov; avec Ovanes Torosyan (Kamen) Anjela Nedyalkova (Avé)
C'est le premier film d'un cinéaste bulgare; c’est ce qu'il est convenu d'appeler un road movie. il décrit le périple à travers le pays de deux jeunes gens, un garçon qui doit aller assister à l'enterrement de son meilleur ami, une fille qu'il ne connait pas et qui s'attache à ses pas. D'abord exaspéré par cette affabulatrice qui le met dans des situations impossibles, il l'admet peu à peu et s'y attache sans jamais percer son mystère.
Certaines scènes sont magnifiques, les images sont réalistes quant à la vie quotidienne en Bulgarie, l'ensemble est remarquablement filmé. Les deux acteurs sont attachants. Bref, c'est à voir.
Isabelle Lepicard
Un panoramique sur la capitale bulgare ouvre le film -Sofia, une ville dans la brume avec ses espaces verts, ses tours HLM, entre autres. Une ville où Kamen suit des cours à l'atelier des Beaux-Arts. Une "annonce" -dont le spectateur ne connaîtra le contenu que plus tard- l'oblige à quitter cette ville. Dès lors commence le "road movie" -auto stop, car, train, etc.- qui le conduit de Sofia à Roussé dans le Nord-; le cinéaste opte pour le plan-séquence; choix qu'il justifie ainsi "il permet au spectateur de se concentrer et sur l'action et sur les émotions"
La montre offerte par l'ami disparu, une montre sans aiguilles -et un gros plan sur le cadran semble insister sur l'absence de repères- va illustrer la "marche" paradoxale des deux jeunes protagonistes; d'une part une destination avouée (ce sera Roussé, ville natale de l'ami) mais d'autre part les "mensonges" du personnage éponyme (Avé) -que Kamen au final fera siens- bousculent tous les itinéraires "attendus" ainsi que les "rôles": Avé joue à être Ana (l'amie de Viki) lors de la scène du repas de deuil et quasiment au même moment Kamen affirme (sous forme interrogative) qu'il n'est pas "héroïque d'aller d'un point B à un point A" "tu crois tout ce qu'on te dit?" (Avé à Kamen) "mon frère est réalisateur à Hollywood; il vient de terminer son premier film" (Avé au conducteur qui vient de l'accueillir comme autostoppeuse)
Et si le mensonge était nécessaire à l'appréhension de la vie? Un antidote à la Douleur? C'est en tout cas la "démarche" d'Avé : inventer pour "oublier"...Il est de rares instants toutefois où la fable est abolie -ou du moins frappée d'inanité-: parole sincère dans l'évocation du parcours de son frère drogué; demande pudique (ou timide) "éteindre la lumière" au moment l'acte sexuel...
Colette Lallement-Duchoze