Film franco-américain d'Alexis Lloyd avec Ingeborga Dapkunalte Jason Day Vahina Giocante
Pour son premier film Alexis Lloyd s'est inspiré de la pièce de Schnitzler (Reigen; la Ronde)
Il en respecte la trame, le canevas: 10 personnages (5 hommes et 5 femmes); 10 sketchs; chaque personnage a deux partenaires successifs, et de ce fait apparaît dans deux scènes consécutives. Le dernier personnage a une relation avec le premier et la "boucle est bouclée".
Mais si dans la pièce de l'auteur viennois la circulation du désir s'exprimait dans un cercle à la fois infernal et fascinant –au début du XX° siècle déliquescence d'une société sur fond de maladie, la syphilis- dans le film 30 Beats (et on n'aura pas l'outrecuidance de le comparer avec celui de Ophüls…) tout semble cliché. La vague de chaleur en cet été new-yorkais n'est qu'un prétexte –la faire coïncider avec l'ardeur sexuelle?; la cicatrice sur le corps/coeur de Laura (elle a subi une intervention chirurgicale) comme métaphore de la "maladie d'amour" est si appuyée qu'elle en devient lourdingue; la scène de bondage (Julian chez la call girl Alice amatrice d'art contemporain) vire au grotesque; le père (personnage secondaire, que l'on aura vu sortir de l'appartement d'Alice) veille à la santé sexuelle de son fils Sean; il est l'instigateur –via un texto- de son "dépucelage". Mêmes clichés dans la façon de filmer la ville –qui aurait pu devenir "personnage"- ses escaliers, ses façades d'immeubles, ou encore ses phares dans la nuit. Le pitch évoque "une ronde où chacun se retrouve pris dans une chaîne de séductions de sentiments et de désirs à fleur de peau"; une déclaration qui reste intention !! même si certains personnages semblent "incarner" des "déviances sexuelles"
Quelques remarques annexes (comme légers bémols): la première scène –Julie se rend chez Adam l'anthropologue- frappe par l'art de l'ellipse et la rapidité du mouvement; le personnage de Diego –que l'on voit avec Erika puis Laura est aussi celui qui livre un colis à Julian arrêté dans les embouteillages- il est le seul à tenir un discours amoureux; à rêver d'un rapport sexuel authentique avec la femme aimée, la plupart des protagonistes sont intéressés eux par un PC (=plan cul).mais ont des allures de "figurants/récitants" (hormis Erika)
Le film débute dans la rue, il se clôt sur les toits –les deux jeunes Julie et Sean nouvellement dépucelés rompent avec les lois de l'amitié et s'adonnent aux ébats amoureux…La boucle comme ronde/tournoiement dans l'espace?
Colette Lallement-Duchoze