4 janvier 2025 6 04 /01 /janvier /2025 05:03

D'Andrea Arnold ( G-B 2024)

 

avec Nykiya Adams (Bailey) Franz Rogowski (Bird) Barry Keoghan (Bug) Jason Buda (Hunter) 

 

Festival de Cannes 2024 Compétition Officielle

 

Présenté au festival "ths is England" à Rouen,  soirée d'ouverture le 16 novembre 2024  

Argument: Bailey 12 ans vit avec son frère Hunter et son père Bug, qui les élève seul dans un squat au nord du Kent. Bug n’a pas beaucoup de temps à leur consacrer et Bailey, qui approche de la puberté, cherche de l’attention et de l’aventure ailleurs. Elle croise la route de Bird 

Bird

Après le documentaire Cow (http://www.cinexpressions.fr/2022/12/cow.html la cinéaste britannique s’intéresse de nouveau avec Bird aux défavorisés, aux exclus de la société ; mais l’aspect social se double ici d’envolées oniriques et ce dès les premières séquences où tout semble encodé : portable double de la caméra, oiseau, insectes captés dans leur immobilité ou leur envol, jeune fille au visage mutin ou rayonnant, regard aimanté vers un ailleurs à déchiffrer, relation familiale déstabilisante -un père immature- avec lequel elle vit dans un squat ; le point de vue sera donc celui de Bailey et la thématique majeure sera celle d’une émancipation, d’un passage de l’adolescence vers l’âge « adulte » ; aidée en cela par un être énigmatique (et peut-être purement imaginaire… ) Bird 

 

Les trois acteurs sont formidables de justesse. Barry Keoghan en père immature voire irresponsable, au corps tatoué d’insectes, convaincu que la bave d’un crapaud drogué sera source de profit, à condition de lui chanter du Blur et du Coldplay. Nykiya Adams qui est quasiment de tous les plans crève l’écran de ses moues d’enfant de ses rêves d’ado de ses révoltes et rebellions .Franz Rogowski qui incarne ce « bird », être hybride en quête de ses origines, capable de métamorphose, samaritain défenseur des « orphelins » de cœur.  On retrouve dans la façon de filmer les extérieurs, la tonicité et les atmosphères de Cow ou des Hauts de Hurlevent - mugissement du vent frémissement de la lande claquement de branches ou cette impétuosité des flots-. Ajoutons cette bande-son (une playlist très « énergisante » qui séduira certains spectateurs) le rythme qui ne faiblit pas, les audaces de couleurs flashy (intérieurs et vêtements) le mélange de violence (sociale et/ou humaine) et de douceur (quand l’adolescente Bailey dispense une quiétude maternelle à ses tout jeunes frère et sœurs par exemple), tout cela devrait entraîner l’adhésion…

 

Et pourtant….

 

L’impression bizarre d’inabouti- superposition virevoltante et imaginaire (?) de deux façons de filmer (celle de Bailey comme prolongement de celle de la cinéaste ? ) - entache le simple plaisir de voir …une  "caméra dynamique"

Une difficulté par trop évidente à faire coexister réalisme et onirisme (la rencontre avec Bird, les différents r-v, et la métamorphose sous le regard ébahi de Bailey  -gros plan sur le visage puis plan américain sur le dos – frise le ridicule…)

Un espace (social et imaginaire) saturé ad infinitum (pour ne pas dire ad nauseam) de symboles clichés : le cheval, les contreplongées récurrentes sur Bird, si haut perché, les gros plans sur les cuisses de Bailey maculées du sang de ses menstrues, l’opposition (facile) entre une forme de liberté incarnée par les nombreux oiseaux ou insectes qui traversent le film de leurs fulgurances immobiles ou non – et la liberté des personnages si difficile à conquérir dans l’âpreté du quotidien, même si les slogans qui tapissent les murs du squat sont porteurs d’espoir… 

 

Colette Lallement-Duchoze
 

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