14 décembre 2024 6 14 /12 /décembre /2024 06:43

De Louise Courvoisier (2024 France)

 

avec Clément Faveau, Maïwène Barthèlemy, Luna Garret, 

 

Présenté au festival de Cannes 2024  Un Certain Regard  Premier prix de la jeunesse 

Totone, 18 ans, passe le plus clair de son temps à boire des bières et écumer les bals du Jura avec sa bande de potes. Mais la réalité le rattrape : il doit s'occuper de sa petite sœur de 7 ans et trouver un moyen de gagner sa vie. Il se met alors en tête de fabriquer le meilleur comté de la région, celui avec lequel il remporterait la médaille d’or du concours agricole et 30 000 euros

Vingt dieux

Ce comté, avec ses cratères. Il ressemble à mes personnages et à leurs fêlures.


Ancrer l’histoire dans un territoire familier (en l’occurrence le Jura natal de Louise Courvoisier) filmer un personnage « qui essaye de s’en sortir en trouvant des outils d’émancipation à travers la fabrication de ce comté » (attention! non pas tant qu’il atteigne la perfection mais qu’il aille au bout de ce fromage). Tel était le pari de la jeune réalisatrice qui a d’ailleurs participé au casting sauvage (et les acteurs ne sont pas des professionnels) Un pari réussi…

Le film est encadré par deux plans séquences en écho : La caméra suit pendant quelques minutes un homme le père (filmé de dos) qui avance d’un pas alerte jusqu’au rassemblement des comices ; au final, la caméra suit Totone même plan et angle de vue juste après la fête impressionnante de « stock car » avant qu’un appel ne lui enjoigne de se retourner …et auquel il répond le visage illuminé par le sourire  Une circularité (narrative) qui épouserait, serait-on tenté de dire, la forme ronde de la meule du comté ?  (et voyez Totone déposer la meule qu’il a fabriquée avec sa petite sœur au pied d’un autel de paille où le veau nouvellement né a capté le souffle de la vie.. une meule telle une icône en hommage à cette agricultrice, cette figure féminine qui l’aura aidé dans son « émancipation ». i Totone -- tendre avec sa petite sœur, certes- n’en cherche pas moins les occasions de castagnes tout comme  il « profite » de certaines opportunités pour « voler » le lait (le seul qui fleure la qualité nécessaire pour décrocher une prime de 30 000 euros) 

 

Teigneux et fragile cruel et tendre , c'est (c'était?) Totone 

 

La couleur cuivre (celle de la cuve, celle de la croûte) ou mordorée (paille, tignasse de Totone) domine ; elle triomphe dans la séquence de stock car avec ces gros plans sur les visages à la beauté brute mordue par le soleil  Mais par des panoramiques la caméra  restitue aussi les paysages jurassiens dans leur verdeur ou leurs brumes matinales 

 

Bien sûr on retiendra les étapes de fabrication de comté, la course rodéo, le vêlage... De  belles séquences car  à chaque fois la réalisatrice évite le côté « reportage » Ainsi  pour la première l’essentiel était de mettre en évidence la texture de la pâte de filmer la gestuelle technique ainsi que les regards  et pour la seconde dans l’ovale du champ de course c’est bien la circulation des regards des « locaux » avec de gros plans sur des visages- cartographiant un vécu (intériorisé….jusque-là) qui fera écho à ce « show roues dans roues, portières contre portières, pare-chocs contre pare-chocs, une course infernale faite d’accrochages, de bousculades, de tonneaux, de situations invraisemblables

 

A ne pas manquer

 

Colette Lallement-Duchoze
 

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