21 décembre 2024 6 21 /12 /décembre /2024 05:55

De Matthew Rankin  (Canada 2024)

Scénario Matthew Rankin, Pirouz Nemati, Ila Firouzabadi

 

Avec Rojina Esmaeili (Negin), Saba Vahedyousefi (Nazgol), Mani Soleymanlou (Iraj Bilodeau), Matthew Rankin (Matthew/Massoud), Pirouz Nemati (Massoud/Matthew).

 

Cannes 2024 Quinzaine des cinéastes Prix Public Chantal Akerman

 

Sélectionné pour les Oscars 2025

Argument: Afin de revoir sa mère malade, l’introverti Matthew quitte Montréal où il travaillait pour retourner dans son Winnipeg natal. L’espace-temps paraît bouleversé et tout le monde parle désormais persan dans la métropole canadienne

Une langue universelle

Autobiographie hallucinée; comédie de désorientation (propos du réalisateur)


Oui ce film s'inspire de souvenirs très personnels (dont le billet de banque à extraire de la glace) oui ce film à l’étrangeté parfois expérimentale est dans la ligne droite de Tati (humour décalé distancié)  ; le cinéaste revendique  en outre une certaine parenté avec le cinéma iranien dit de la nouvelle vague (Pinahi Kiarostami le ballon blanc, le goût de la cerise  où est la maison de mon ami  ) auquel il rend hommage


Oui ce film pince sans rire nous entraîne dans un monde loufoque (parfois foutraque) où le bizarre va de soi : une dinde passagère d’un autocar ? (normal elle a payé sa place,..) On peut jouer et gagner toute une vie de kleenex ? (normal on est mélancolique, normal des larmes sont stockées dans des bocaux…) Dans une classe -où le professeur de français arrive en retard et prend un plaisir sadique à humilier ses élèves,  on placardise (sens premier) d’emblée  un gamin déguisé en Groucho Marx, avant de renvoyer toute la classe dans ce cagibi… Une pierre tombale gît au milieu de nulle part ? mais n’est-elle pas  au carrefour  d’un vaste réseau et trafic routier ? comme si toutes les villes convergeaient vers une seule métropole … 


Et comble d’une métamorphose « espace/temps » : les horloges comme dans certains tableaux surréalistes sont orphelines de leurs aiguilles... Temps suspendu? Mathew (interprété par le cinéaste lui-même) en  "retrouvant " sa mère après tant et tant d’errances, (il vient de Montréal) assiste impuissant à son éviction,  "remplacé" par  Massoud, son  "double" … auquel la voix chevrotante dédie des mots d’amour…dans la pénombre d’une chambre à la lumière tamisée

 


Bienvenue à Winnipeg (capitale du Manitoba) où l’on s’exprime en farsi- (avec quelques tournures de français mais où l’anglais n’existe plus). Bienvenue dans un univers où domine le beige -celui de ces édifices de type brutaliste- beige et gris sans oublier le blanc de l’enneigement permanent, et la bande-son restitue le crissement des pas, ceux  des promeneurs (enfants touristes particuliers )  ils   déambulent  tels  des vagabonds en bordure de cadre,  ils  courent ,  quand ils ne sont pas figés  -filmés de profil ou en frontal. Déambulation qui d’ailleurs va épouser les différences de niveaux et d'échelles du  décor "urbain" géométrique : surplomber ou se fondre s’évanouir dans la brique la pierre avant de  "réapparaître"   en sens inverse dans le plan suivant 

 

Je vous invite à pénétrer dans cette  "bulle iranienne,  cet  univers parallèle" (?)  à  vous laisser  guider par l’extravagance des saynètes ,  à  déguster cette   pizza hawaïenne ...
(certains spectateurs réfractaires resteront peut-être à quai...)

 

Colette Lallement-Duchoze
 

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