19 décembre 2024 4 19 /12 /décembre /2024 06:37

De Philippe Van Leeuw  (2024 Belgique USA)

 

avec Vicky Krieps (Jessica Comley), Steve Anderson (Adam Comley), Mike Wilson (Jose Edwards), Ezekiel Velasco (Zeke le petit fils )..

Argument: Jessica Comley fait partie de la police des frontières américaine entre l'Arizona et le Mexique. Dans ce désert impitoyable, elle est fière et déterminée à défendre par tous les moyens l'Amérique contre les trafiquants de drogue et l'immigration clandestine. Lors d'un déploiement, elle tire sur une personne

The wall

"Vous mettez tellement de foi dans la loi que vous ne voyez plus les gens." ces propos de l’aîné amérindien à la longue chevelure blanche résument assez bien la « dynamique » interne de ce film incarnée par l’agente Comley, elle-même représentante d’une Amérique bigote et xénophobe (à la Trump) 


Un crucifix dans l’habitacle de la voiture ; premier indice…Un soin tout particulier accordé à passer l’uniforme (et le reflet dans la glace duplique le sentiment de satisfaction) symbole d’une mission dont l’agente Jessica Comley se sent investie : chasser le migrant (forcément un drogué un passeur un être maléfique) qui s’en vient souiller le sol américain… Un homme à la peau colorée monnayé tel un otage sexuel (cagoulé il le restera jusqu’à sa chambre, puis après les « ébats », tenu en respect avant d’être invité à déguerpir) Des hurlements sauvages à l’encontre de son collègue qui l’invite à la « modération » 


C’est Comley dans l’exercice de ses fonctions …garder la frontière entre le Mexique et l’Amérique (Arizona). Personnage interprété par l’épatante Vicky Krieps elle est de tous les plans, elle distille par son jeu subtil toutes les nuances d’une haine viscérale, ou quand elle est en famille du moins avec sa belle-sœur les marques d’une bienveillance amicale ou les sanglots de la tristesse due à la perte de l’être cher

Le récit "bifurque" ou du moins fait se "croiser"  Comley et un membre de la communauté des Tohono O’odham, Zeke (Ezekiel Velasco) lui qui arpente le chemin de la "séparation"  MAIS dans une perspective humanitaire aider les migrants déshydratés,  n'est-ce pas  d’un point de vue narratif opposer la froideur glaçante à l’humanisme samaritain; d’un point de vue symbolique métaphoriser la conflictualité et d’un point de vue dramatique illustrer  "la stratégie des deux poids deux mesures" ? cet Amérindien aurait été témoin d’un  "crime gratuit" ? ce sera  "sa parole contre la nôtre" ….On conclura à la légitime défense… l’honneur est sauf (c’est l’essentiel dit le père…) 

 

Aridité des paysages et âpreté de la vie de Jessica présentée tel un bourreau. Envahie par la haine de l’autre,  l’étranger (haine que lui a inculquée l’éducation) elle transforme son crime en  "erreur "  -qu'elle déplore- mais n'a cure  de la « vie humaine » de ces « étrangers » (état d’esprit qui hélas n’est pas l’apanage des Américains….)

Le réalisateur d’une famille syrienne (cf http://www.cinexpressions.fr/2017/09/une-famille-syrienne.html, ) s’attaque ici et ainsi à cette  "haine tenace, ce racisme viscéral, nourri.es par une foi aveugle"

 

Le mur ? Oui c’est bien évidemment celui érigé par Trump (triomphe d’une forme de patriotisme …) 
Mais n’est-ce pas aussi l’ensemble de tous ces murs qui en cartographiant le « réel » le «balafrent » de revendications qui sont souvent à la limite du « supportable »? 
Et la séquence finale où l’agente est filmée de face arborant le sourire à l’écoute des  "consignes"  en dit long sur tout " dérapage éventuel"  à venir…

 

Le mur ou la banalisation du mal ?

 

Colette Lallement-Duchoze

 

PS Mike Wilson:  Amérindien ,  a été soldat pendant 20 ans au Salvador, devenu pêcheur, puis a milité dans une association déposant des réserves d'eau pour les migrants et des médicaments (comme dans le film) il écrit, donne des conférences,  a une présence et une beauté fascinantes; "cet homme est une somme d'humanité"  (Philippe Van Leeuw)
 

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