De Hiroshi Okuyama (Japon 2024)
avec Sosuke Ikematsu (Arakawa l’entraîneur) , Keitatsu Koshiyama (Takuya) Kiara Nakanishi (Sakura)
Présenté au festival de Cannes 2024 Un Certain Regard
Argument: Sur l’île d’Hokkaido, l’hiver est la saison du hockey pour les garçons. Takuya, lui, est davantage subjugué par Sakura, tout juste arrivée de Tokyo, qui répète des enchaînements de patinage artistique. Il tente maladroitement de l’imiter si bien que le coach de Sakura, touché par ses efforts, décide de les entrainer en duo en vue d’une compétition prochaine… À mesure que l’hiver avance, une harmonie s’installe entre eux malgré leurs différences. Mais les premières neiges fondent et le printemps arrive, inéluctable.
Il était une fois en hiver. C’est l’histoire de … Serait-on tenté d’écrire tant le film a les allures d’un conte. Un conte initiatique.
Le format choisi 4,3 (enfermement dans un monde intérieur ?) la dominante pastel, l’impression de flouté - halos d’irréalité onirique, ou lumière cotonneuse-, l’apprentissage sur une glace qui crisse et se strie, une glace tout à la fois étincelante et tranchante, dans une patinoire/sanctuaire, la circulation de regards, des paysages traités telles des estampes, les non-dits et les ellipses qui infusent les silences, tout dans ce film renvoie au monde de l’enfance avec ses épiphanies dont la découverte de l’amour et avec son douloureux passage vers le monde dit "adulte" ! ( la séquence finale est délibérément équivoque - le bégaiement de Takuya est devenu aphasie, submergé par l’émotion-, il est incapable face à Sakura, de dire je t’aime ou son contraire , ce qu'illustre cette chanson dont le texte s’affiche en même temps que le générique de fin)
Une île. Les premiers flocons Ceux que devine, rêveur , Takuya les yeux levés au ciel au lieu de se concentrer sur le baseball, puis sur le hockey… qu’il pratique sans conviction apparente. Regard subjugué et comme ébloui par ce "soleil", cette jeune Sakura qui évolue avec grâce sur la piste de la patinoire. Regard du coach -lui qui a préféré vivre son homosexualité loin des métropoles ( ?) n’est-il pas attiré par cet ado ? son double ? ou ne projette-t-il pas sur lui sa conception de l’amour (j’ai senti en Takuya la force d’un amour total avoue-t-il à son compagnon C’est grâce à vous que Takuya a réussi dira-t-il à Sakura…).
Gestes à fleur de peau, sourires -éclats de rire devenus, quand les trois "répètent" en extérieur sur un lac gelé (acmé du film ou la réunion "synchrone" des trois "danseurs".. avant … cette pointe de misogynie (Sakura, jalouse, accuse son coach d’être dégueulasse et on devine le rôle majeur qu’elle a dû jouer dans son éviction )
Malgré la délicatesse et une forme de grâce voire d’évanescence (qui peut envahir le paysage) malgré l’insertion musicale de Clair de lune, malgré la dénonciation, tout en retenue certes, d’une société homophobe, malgré tout cela, il manque un quelque chose qui entraînerait une entière adhésion … Des glissades ? de subtiles harmoniques ? peut-être Je ne sais..
Colette Lallement-Duchoze