2 décembre 2024 1 02 /12 /décembre /2024 06:31

de Gianfranco De Bosio (Italie 1963)

 

 

avec Gian Maria Volonté, Anouk Aimée

 

Prix spécial du jury au festival de Venise 1963

 Venise, hiver 1943. Depuis la chute de Mussolini en juillet 1943 et l'armistice du 8 septembre, le Comité national de libération, - CNL -, organise des opérations de sabotage contre l'occupant allemand. Les membres du CNL parviennent à faire sauter la kommandantur, ce qui provoque immédiatement de lourdes représailles de la part des Allemands. De nombreux otages sont exécutés...

Le terroriste

Un film à ne pas rater ! lucide intelligent froid glacial parfois,  à la tension très « palpable » (sabotages répressions discussions fuites dans les ruelles désertes et labyrinthiques ambiance embuée hivernale de la ville vénitienne) où chaque plan est millimétré (comme tiré au cordeau selon l’expression consacrée), ce film de Gianfranco De Bosio (1924-2022) sur la résistance italienne mérite plus qu’un détour. 


Même la longue séquence de débats au sein du CNL (comité de libération nationale) malgré le statisme apparent frappe par les « mouvements » de la pensée et le réalisateur multiplie les angles de vue avant une prise en plongée et surtout limite dans la durée les interventions de chacun. Nous assistons à l’affrontement de points de vue divergents émis avec conviction par les représentants des 5 partis politiques—communiste, socialiste, démocratie chrétienne, parti libéral et parti d’Action-  sur la stratégie à adopter car les méthodes des résistants posent problème : ainsi des gap, groupes d’action politique chargés des « sabotages », groupes issus des Brigades Garibaldi, ainsi surtout de Renato Braschi dit « l’ingénieur » universitaire originaire de Padoue ; le livrer ? ou du moins le freiner dans ses « démarches » ? ) …

 
 Gian Maria Volonté incarne le « terroriste », cet ingénieur militant entré en Résistance, cet homme de l’ombre efficace, capable d’agir en solo quand en « haut lieu » on aura décidé de ne plus commettre d’attentats et de « négocier » avec les forces d’occupation (libération des otages).

Lors de la rencontre « clandestine » avec sa femme Anna (Anouk Aimée) il sera le porte-parole du cinéaste quand il affirme « Dans vingt ou trente ans, quand tout cela sera fini, y aura-t-il de nouveau une période dans laquelle les gens se laisseront endormir, anesthésier, par un peu de paix et d’abondance ? Et peut-être que, pour des raisons matérielles, on acceptera de tout perdre à nouveau. » Oui dans les années 1960 avec le « miracle économique » le gouvernement italien aura « liquidé le programme de la résistance »….

 


On retiendra cette longue séquence d’ouverture où à l’intérieur d’une église bondée le choix du travelling (lent) permet d’approcher les visages des fidèles qui récitent psalmodient, le regard fixe fixé sur ? alors que se trame dans les « coulisses » (presbytère) l’opération sabotage de la Kommandantur…avec  Rodolfo, Oscar et Danilo pilotée d’ailleurs par l’ingénieur dont la silhouette apparaîtra sur un quai ….Aux non-dits emplis de « suspicion » de la « masse » des fidèles répondra une « mécanique » de la précision (propos minimalistes, cageots de bière entassés puis livrés, silence avant l’explosion) mais c’est bien parce que cet « attentat a échoué » dans sa finalité que la « riposte » de l’ennemi sera « disproportionnée » et que le CNL doit décider dans l’urgence de la « stratégie » à adopter ….


Faire un film de réflexion idéologique et morale », visant à « pousser le public vers une analyse concrète des problèmes » telle était l’ambition du cinéaste

Pari réussi avec brio

 

Colette Lallement-Duchoze


Séances lundi 20h15 (salle 8) mardi 18h20 (salle 8)
 

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