de Victor Rodenbach (France 2024)
avec Vimala Pons (Nora) William Lebghil (Henri) Jérémie Laheurte (François) Pauline Bayle (Lou)
Argument: Depuis des années, Henri et Nora partagent tout : ils s'aiment et elle met en scène les pièces dans lesquelles il joue. Quand Henri décroche pour la première fois un rôle au cinéma, la création de leur nouveau spectacle prend l'eau et leur couple explose.
Un baiser Plan resserré sur deux acteurs. Ça manque de fougue dit excédée la metteuse en scène Nora (pétulante Vimala Pons) ; et de montrer elle-même à (et sur) l’acteur Henri (le lunaire William Lebghil) ce qu’est le BAISER le VRAI celui qui dit " je veux fuir avec toi je veux tout détruire pour mieux me reconstruire avec toi "
Une scène de répétition (Ivanov) qui est aussi la scène inaugurale de ce film, telle une mise en abyme…(?) Rencontre amoureuse, (?) plénitude -ou non- du toujours recommencé, (?) Et parce qu’Henri accepte un "rôle" (le beau rôle ??) au cinéma, la « permanence » va-t-elle glisser dans l’impermanence ? le couple peut-il "résister" à une fêlure ? Couple si fusionnel qu’il communiquait en dehors de tout système (et l’astuce est d’afficher sur l’écran -à destination du spectateur- la "traduction" de cette communication non verbale…)
Et voici que les allers et retours entre Reims et Paris,(comme autant d’itinéraires pour se séparer se perdre ou se retrouver) les bifurcations entre théâtre et cinéma, l’investissement dans l’un ou l’autre, à défaut (ou dans l’impossibilité) de l’un ET l’autre semblent avoir raison de la « solidité » du couple…
Or nous "assistons" à une "comédie romantique" .
Certes l’amour est momentanément mis à mal. Mais tous les clichés " attendus" (sur la jalousie par exemple ) le seront eux aussi Car le réalisateur et les acteurs (dans les deux sens du terme celui qui tient un « rôle » sur scène ou à l’écran et celui qui « agit » sur son propre destin) prouvent par leur énergie de tous les instants que la désunion conjugale dans le milieu artistique (et l’on pense inévitablement à Septembre sans attendre) peut être assumée, et que l’on peut « reconfigurer » « reconstruire » un « scénario »: après tout cela n’est-il pas « inscrit » dans le (leur) métier…?
Est-ce soluble dans la "vraie vie" ? Tel est bien l’enjeu de ce film porté par un duo d’acteurs étonnant
Un film qui fait la part belle aux "rôles secondaires" ( de beaux rôles aussi) incarnés par Jérémie Laheurte, Pauline Bayle ou encore Salif Cissé
On se laissera donc séduire par cette dynamique quasi explosive où l’expression avoir le beau rôle a perdu de sa superbe
Le beau rôle ou l’équilibre entre soi et soi, entre soi et l’autre ???
Colette Lallement-Duchoze