D'Emmanuel Courcol (2023)
avec Benjamin LavernheThibaut Desormeaux Pierre Lottin Jimmy Lecocq Sarah Suco Sabrina Jacques Bonnaffé Gilbert Woszniak Clémence Massart-Weit Claudine Anne Loiret Claire
Présenté au festival de Cannes 2024 (Sélection Officielle)
Thibaut est un chef d’orchestre de renommée internationale qui parcourt le monde. Lorsqu’il apprend qu’il a été adopté, il découvre l’existence d’un frère, Jimmy, employé de cantine scolaire et qui joue du trombone dans une fanfare du nord de la France. En apparence tout les sépare, sauf l’amour de la musique. Détectant les capacités musicales exceptionnelles de son frère, Thibaut se donne pour mission de réparer l’injustice du destin. Jimmy se prend alors à rêver d’une autre vie ...
Généreux, populaire -au sens noble ( ?) du terme, bouleversant, le film est plébiscité, à la fois par le public et la critique. ! (Film intergénérationnel, plein de « bons sentiments », il réconcilie la musique classique et la musique de fanfare, tout en développant le thème « universel »( ?) de deux frères séparés à la naissance) Soit deux destins sur fond de crise sociale (fermeture d’usine) deux types de culture musicale, deux manières de parler (dont gouaille et verdeur avec l’excellent Pierre Lottin) tout en évitant des clichés faciles, mais en recherchant l’équilibre entre comédie et drame, afin de « mieux explorer » la question de l’héritage « génétique et culturel dans la destinée des hommes » telle est bien la démarche revendiquée par Emmanuel Courcol
Un film qui s’ouvre et se clôt sur deux séquences « musicales » « magistralement interprétées » (la seconde sert de « finale » avec un triomphe en fanfare alors que le contexte humain individuel -greffe de la moelle osseuse -, collectif et social -situation économique- vire au cauchemar…)
Un film où le public pourra se délecter en entendant Aznavour et Ravel, du jazz (saxophoniste Benny Golson) et Verdi, où il sera au cœur d’un orchestre symphonique dirigé par …Benjamin Lavernhe, ou parmi les instrumentistes d’une fanfare locale dont le truculent Jacques Bonnaffé . Oui la musique nourrit le propos et toute la dramaturgie de ce film -dont le titre se débarrasse bien vite d’oripeaux peu flatteurs. La musique ou l’art de « fédérer et réconcilier les contraires » ???
S’il fait la part belle à la « fraternité », si les deux interprètes emportent l’adhésion du spectateur, s’il cherche autant à faire rire (humour et comique de situation) qu’à émouvoir (importance des rôles secondaires, solidarité) force est de reconnaître que le traitement du « déterminisme social est appuyé (sans verser toutefois dans la caricature !) et que de ce fait, l’émotion suscitée est « forcée »
Oui la « culture cloisonne les gens » « toi à 3 ans on t’a mis au piano moi on m’a mis chez Claudine » On ne peut « renverser la courbe du destin ». Jimmy (qui a pourtant l’oreille absolue) en fait la douloureuse expérience dans cette séquence où le cadrage, la répartition dans l’espace, l’anonymat (le tromboniste est filmé de dos face à un jury invisible) les marches d’un escalier que le frère Thibaut descend alors qu’ils matérialisaient un mouvement ascensionnel, renforcent cette injonction/couperet « tu ne peux te mesurer à ces premiers prix de Conservatoire »
Et pourtant Jimmy avait répété des nuits durant du … Mahler (symphonie n°3)
Colette Lallement-Duchoze