D'Edward Berger (USA, GB 2024)
avec Ralph Fiennes (Thomas Lawrence) Carlos Diehz ( Benetz) Stanley Tucci (Bellini) John Lithgow (Tremblay) S Castelitto (Tadesco) Isabella Rossellini (Mère Agnès)
Argument: Alors que le pape vient de mourir de façon inattendue et mystérieuse, le cardinal Lawrence est chargé — malgré ses réticences — de superviser le conclave. Des cardinaux venus du monde entier doivent voter pour la succession. du souverain pontife. Ce poste de chef de l’Église catholique attire les convoitises et va intensifier les stratagèmes politiques au sein du Vatican. Lawrence par ailleurs se rend compte que le défunt leur avait caché un secret qu'il doit découvrir avant qu'un nouveau Pape ne soit choisi.
Ce qui va se passer derrière ces murs changera la face du monde....
Servi (ou desservi ?) par une affiche racoleuse Conclave plébiscité par une bonne partie de la presse et du public n’est-il pas avant tout un "divertissement aux accents de thriller"? Les premiers plans où la caméra semble coller au dos à la nuque du doyen organisateur nous invitent à pénétrer les arcanes d’un "monde" hermétique habituellement fermé (interdit) au profane…
Qu’en est-il ? Sur le fond ? hormis le twist final (ultime rebondissement ...ne pas spoiler) affirmer que « les cardinaux sont des hommes comme les autres » (entendons qu’ils ont leurs défauts …) la belle affaire !!!… L’intervention du cardinal traditionaliste italien Tadesco -qui rappelle les pires déclarations de Matteo Salvini -frise la bouffonnerie …Montrer de l’intérieur, (dans le huis clos des coulisses aux vitres scellées) les querelles intestines et les tractations auxquelles se livrent les « papables » et leurs « supporters » (manipulations, propos comminatoires, accusations de simonie , egos hypertrophiés , semonces, enquêtes menées par le doyen devenu momentanément «Hercule Poirot ») on connaissait l’adage vaticanesque « qui entre pape au conclave en sort cardinal » devenu presque un « marronnier » … Quant à l’irruption d’attentat islamiste ( ?) dont la déflagration s’en vient briser carreaux et maculer la pourpre cardinale, elle relève de l’absurde. Et tout cela filmé pour mettre sur le devant de la scène le jeu d’acteurs et saluer leurs prestations (cf Sergio Castellito en cardinal Tadesco ou Lucas Msamati en cardinal conservateur nigérian Andeyemi) L’homélie du cardinal Lawrence (le pire ennemi ce sont les certitudes) et ses propres interrogations, (il se dit taraudé par le doute…moins dans la foi que dans l’Eglise) ? Plaquées et non abouties, elles sont loin d’être convaincantes … (rien à voir avec Habemus papam). Opposition entre conservateurs et progressistes ?? une grossière galéjade là où on était en droit d’attendre une réflexion plus métaphysique ou théologique…tout en conservant les sinuosités d’un argumentaire.
Après tout l’intrigue de Conclave ne déparerait pas à l’Assemblée juste avant un vote ou chez les mafieux au lendemain de la mort du Parrain souverain...
Quant à la forme ! que de complaisance ! que de surcharges inutiles ! tout semble surdimensionné. A commencer par la musique (très démonstrative, trop illustrative). Des gros plans insistants mais à l’évidente vacuité (l’anneau que l’on arrache du doigt du pontife décédé, un fragment de fresque, des doigts gonflés de bijoux etc..) des ralentis certes spectaculaires mais plus expressifs que signifiants ! Clinquant (rutilance) fortement théâtralisé dans quelques profondeurs de champ, quelques travellings latéraux et dans ces vues en plongée (où la ronde en blanc et rouge est censée chorégraphier les pas cadencés des cardinaux) ; un goût prononcé pour la symétrie les cadres; tout cela conjugué ne fait qu’accentuer la rigidité de l’étiquette (le décorum surtout déjà bien exploité dans les films consacrés au Vatican) et une mise en scène assez "pompière "
Un film qu’on « peut éviter »
Colette Lallement-Duchoze