d'Emmanuel Mouret (2023)
avec Camille Cottin Sara Forestier, India Hair Vincent Macaigne Grégoire Ludig, Damien Bonnard, Eric Caravaca
Joan n’est plus amoureuse de Victor et souffre de se sentir malhonnête avec lui. Alice, sa meilleure amie, la rassure : elle-même n’éprouve aucune passion pour Eric et pourtant leur couple se porte à merveille ! Elle ignore qu’il a une liaison avec Rebecca, leur amie commune… Quand Joan décide finalement de quitter Victor et que celui-ci disparaît, la vie des trois amies et leurs histoires s’en trouvent bouleversées.
Voix off, importance de la musique (n’est-ce pas elle qui prélude à l’épiphanie de l’Amour cf L’art d’aimer) importance du Verbe (les dialogues sont très écrits…) intermittences du cœur et/ou inconstances amoureuses autant de constantes chez le cinéaste que l’on retrouvera dans Trois amies…
Lyon le milieu enseignant c’est la toile de fond.
Voici Joan (India Hair) elle souffre de ne plus vibrer pour Victor (Vincent Macaigne) ; un accident de voiture ….Mais par-delà la mort, Victor -dont on entend la voix off- continuera à regarder la femme aimée (Regardez comme elle est belle ») au point d’en faire une image sacrée, et à commenter son désarroi.
Quant à Alice elle assume une forme de conjugalité décomplexée ignorant que son compagnon est l’amant de Rebecca …
L’amour en ses cycles de dévoration d’extinction et de renaissance (inattendue ??° ) ? Peut-être et la délicatesse chez E Mouret est de ne jamais tomber dans le piège des « clichés » (faciles)
Mais le film insiste (cf le titre) sur un lien sororal d’amitié que chacune des trois femmes va décliner selon son tempérament,
Joan et sa partition de l’honnêteté -India Hair est tout simplement épatante dans un rôle tout en demi-teintes d’angoisses réitérées d’attentes décevantes, Rebecca débordante d’énergie explosive sensuelle dans son « art » de maquiller le mensonge… alors qu’Alice « semble » plus pragmatique (mais…)
Le cinéaste va « jouer » avec toutes les combinaisons possibles ( ?) de ces trois « partitions » en les enchevêtrant, en les opposant, en les superposant –
Et l’on comprendra que l’adultère choisi assumé par Eric (Grégoire Ludig) est en fait la condition sine qua non de la fidélité à.. la personne aimée (cf Emmanuelle/Ascaride dans l’art d’aimer)
Et l’on comprendra aussi grâce à un travelling inattendu (appartement visité avec Martin, le meilleur ami de Thomas prof remplaçant de Victor) que Joan assume seule le fait d’être devenue ce qu’elle est -un sourire éclaire les profondes ténèbres)
Oui, Il faut assister à ce théâtre des émotions, à ces déclinaisons de la vérité et du mensonge, de l’amour et du hasard, à ces multiples combinaisons (qui rappelleraient l’Oulipo ?)
Colette Lallement-Duchoze