De Lila Aviles (Mexique 2023)
Avec Naima Senties (Sol) Montserrat Maranon (Nuria) Marisol Gasé (Alejandra) Mateo Garcia (Tonatiuh) Lazua Larios (Lucia) Alberto Amador (Roberto)
Festival international du film de Berlin 2023
Festival les reflets du cinéma ibérique et latino-américain de Villeurbane 2024
Argument: Dans un quartier tranquille de Mexico, la famille de Sol, sept ans, prépare l’anniversaire de son père gravement malade. Tandis que les adultes s’affairent, la jeune fille les observe avec attention....
Unité de lieu, unité de temps, caméra au plus près des personnages (format 4,3) la cinéaste dans ce deuxième long métrage (cf La Camarista - Le blog de cinexpressions ) adopte le point de vue d'une gamine de 7 ans pour brosser le portrait d'une famille. Sol vient d’être déposée par sa mère dans la demeure du grand-père, elle va suivre les préparatifs d’une fête en l’honneur de son père et y participer le soir venu. Elle qui est en osmose avec sa mère (cf la scène liminaire et le spectacle duo/totem) va évoluer seule au milieu d’une « ruche », consciente de la mort prochaine de son père (qui est alité dans une chambre). Sur son visage filmé en gros plan se lit le passage de la joie de vivre à la gravité, deux composantes du film qui oscille constamment entre ombre et lumière, vie et mort et les questions posées (mort de la mamie, mort prochaine du père, fin du monde), ont l’accent poignant de qui s’interroge sur la finitude inexorable de l’être humain…quand bien même Sol communique avec ChatGPT La fête anniversaire en l’honneur du père sera-t-elle une cérémonie d’adieu ? (avec comme prémices le gâteau qui brûle, et comme métaphores inversées le laryngophone du grand-père psychanalyste au visage buriné par la mauvaise humeur et le rôle de la chamane convoquée pour « chasser les mauvais esprits »)
Totem ou le portrait en mosaïque d’une famille. Pénétrant interstices et coulisses la gamine notre guide observe -sa famille aux liens parfois grinçants ou distordus.. La perruque multicolore aux différents matériaux qu’elle portera pour le « spectacle » serait comme la métaphore de la mosaïque, alors que chaque personnage observé filmé en plan rapproché participe peu ou prou au jeu des dissonances : la tante Nuri fait des gâteaux, et …boit en cachette, sa fille Esther veut aider sa mère, et… faire boire du café au chat, la tante Alejandra doit se teindre les cheveux, et avec la chamane chasser les mauvaises énergies, l’âme errante de la mère décédée, l’oncle Napo (il est arrivé en retard) convoque la maisonnée pour une « thérapie quantique » …
Totem célèbre aussi le monde animal et végétal : (cf la calligraphie originale du générique de fin, la toile réalisée par le père où le bestiaire aimé de sa fille est scrupuleusement représenté, le bonzaï/cadeau du grand-père, un très gros plan sur un insecte dans une anfractuosité quand, au petit matin, la maison sera désertée par les hommes quand un lit vide ressemble à un linceul) Sol est passionnée par cet univers dont la confrontation avec le monde des humains est constamment sinon rappelée du moins suggérée. Le mot "totem" est d'ailleurs décliné en ses sens propre et figuré et illustré par la fusion mère/enfant en un mât costumé.
Et sans extrapolation ne pourrait-on pas superposer à la coexistence humains, animaux, plantes, vie, mort dans le huis clos d’une demeure (même si le soir venu la présence de tous les invités dépasse le cloisonnement des 4 murs et que le cadre s’est élargi au jardin) une autre mosaïque celle d’un pays le Mexique ??
Un film à voir !!
Colette Lallement-Duchoze