d'Agathe Riedinger (2023)
avec Malou Khebizi, Idir Azougli, Andréa Bescond
Musique Audrey Ismaël
Festival de Cannes Compétition Officielle
Liane, 19 ans, téméraire et incandescente, vit avec sa mère et sa petite sœur sous le soleil poussiéreux de Fréjus. Obsédée par la beauté et le besoin de devenir quelqu'un, elle voit en la télé-réalité la possibilité d'être aimée. Le destin semble enfin lui sourire lorsqu'elle passe un casting pour "Miracle Island
C’est l’histoire de Liane (incarnée avec une puissance explosive par l’étonnante Malou Khebizi) qu’Anne Riedinger raconte dans son premier long métrage Diamant brut (présente à l’Omnia lors de l’avant-première le mardi 22 octobre elle en a expliqué la genèse, le casting sauvage, a bien fait le distinguo entre les différentes émissions dites de téléréalité)
En choisissant le format 4,3 aux grains rugueux elle capture son personnage à « fleur de peau » la confrontant ainsi à une réalité « brute d’existence » et de ce fait entraîne le spectateur dans une immersion physique qui ne le quittera pas.
Agathe Riedinger ne juge pas elle « montre » les chemins tortueux (tordus) des réseaux sociaux, elle met en exergue les mirages de la sexualisation des corps qui « irait de pair » avec une reconnaissance sociale à défaut d’une authentique émancipation. Rendre visibles ces « invisibles » et qu’importe les souffrances infligées à son propre corps. Déterminée obstinée Liane fonce avec l’animalité d’une « guerrière moderne » car il s’agit bien pour elle en s’extrayant de son milieu (quelle « image » donnée en pâture par la mère !!!) d’accéder à une forme de réussite : et sa quête existentielle sera de tous les instants.
Féminité outrancière ? ce sera son étendard face au mépris de classe, face au sexisme ambiant « Le “pretty privilège” [concept selon lequel les personnes considérées comme belles bénéficient d’avantages,] est à la fois une force et une injustice. C’est cette injonction à la perfection, à la sexualisation que j’évoque dans Diamant brut) capsules ongulaires (attention aux détails de chacune), extensions capillaires, customisation des talons aiguilles, chirurgie des seins autant de moyens pour « être regardée, voire « aimée »
Et quand à l’écran apparaissent des commentaires de réseaux sociaux sous forme de textes à la typographie sacrée, nous voici comme entraîné vers un ailleurs où la figure -certes stéréotypée- de la postulante est devenue icône et où les couleurs (chaudes et flashy) seront le « cadre » de ce « royaume » tant convoité qu’accompagnent quelques notes de violoncelle …(question de vie, de survie pour Liane « si je ne suis pas prise je meurs » )
Un film qui bouscule nombre de nos préjugés !!!
Un film à ne pas manquer !
Colette Lallement-Duchoze