De Muayad Alayan (2023 Palestine)
Avec Johnny Harris, Miley Locke, Sheherazade Makhoul
Présenté dans la section Limelight du Festival du Film de Rotterdam (IFFR),
Présenté à Rouen le samedi 5 octobre dans le cadre du festival Regards sur la Palestine 6ème édition
Argument: Après la mort traumatisante de sa mère dans un accident, Rebecca, jeune juive britannique, et son père, Michael, quittent l'Angleterre et emménagent dans la maison de son grand-père à Jérusalem-Ouest. Bien qu'il soit lui-même inconsolable, Michael souhaite que sa fille commence une nouvelle vie dans la nouvelle ville. Mais la jeune fille, qui s'accroche au souvenir de sa mère, ne peut se résoudre à laisser le passé derrière elle. La tension entre le père et la fille atteint son paroxysme lorsque Rebecca découvre qu'une autre fille de son âge vit dans la maison, le fantôme d'une jeune palestinienne qui a été séparée de sa famille en 1948.
Film métaphore (sur le traumatisme), film où co-existent réel et surréel (fantastique) a house in Jerusalem explore la mémoire collective en recourant entre autres, à la thématique de l’eau dont le flux épouse celui du temps : il faut remonter son « cours » en « puisant » aux sources; thématique déjà (omni)présente dans les deux courts métrages de Larissa Sansour.
La circularité du récit (une scène inaugurale reprise en écho au final : une gamine à la lèvre maculée de sang fait du stop) a ce quelque chose de troublant : comme dans un miroir légèrement déformé deux visages se regardent étonnés ; est-ce un cheminement intérieur ? un cheminement temporel ? : Rebecca appelant à l’aide, Rebecca (?) soudainement grandie dépose un bouquet sur les lieux de l’accident (qui a coûté la vie à sa mère) ? honorer les morts en leur sépulture, perpétuer leur mémoire
Effets spéculaires ? Tout le film en est traversé et d’ailleurs la vie que raconte Rasha synonyme de perte (celle d’êtres chers, celle d’un lieu, d’une terre) et de douleur (vivre terrée à l’abri des « hommes armés ») Rebecca la fait sienne (mère disparue dont le fantôme hante son présent).
De même l’entrelacs présent/ passé participe à la recherche de ces ombres tutélaires (Rasha sera une de ces ombres incarnées) entrelacs visibles dans la composition de certains cadrages aux couleurs vives en aplats où Rsaha évolue mi-sereine, mi-apeurée (intérieur), dans la récurrence du plan sur la façade de la maison -passage du visible à l’invisible- ou dans cette végétation mi folle mi entretenue (extérieur)
Un intérieur à Bethléem (ne pas spoiler…) frappe par l’apparente magnificence dans l’exigüité même (dorures, amas de poupées) et la « poupetière » d’un autre temps fait corps avec ce fatras organisé. Mais pour parvenir jusqu’à elle il aura fallu emprunter le bus, passer les check point, aller au-delà du mur de séparation, avant de pénétrer dans le « camp »/prison… l’escapade de Rebecca (de « sa » maison bourgeoise d’un quartier de Jérusalem jusqu’au camp de Bethléem) dit en un saisissant raccourci tout un pan de l’histoire des ….Palestiniens
Un film que je vous recommande (même si la symbolique métaphorique vous semble un peu appuyée)
Colette Lallement-Duchoze
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