18 octobre 2024 5 18 /10 /octobre /2024 04:40

De Tawfik Alzaidi, (Arabie Saoudite 2023)

 

 

avec Yagoub Alfarhan, Maria Bahrawi, Aixa Kay

 

Festival de Cannes 2024 Section Un Certain regard: Mention spéciale du jury

Argument: Arabie Saoudite, dans les années 90. Le nouvel instituteur, Nader, arrive dans un village isolé. Il rencontre Norah, une jeune femme en quête de liberté. Leur relation secrète, nourrie par l’art et la beauté, va libérer les forces créatrices qui animent ces deux âmes sœurs… malgré le danger.

Norah

Un film minimaliste (décor dialogues intrigue) qui s’attaque au pouvoir de la représentation, de la communication artistique, de la culture comme force émancipatrice ; un film qui analyse (avec une lenteur calculée dont témoigne la succession de gros plans fixant l’immuabilité des choses) et vilipende (avec un certain schématisme) le pouvoir « subversif » de l’image. Communication et représentation auxquelles les diktats masculins du conseil de village opposent leur veto (on refuse à la femme muselée et voilée la prise de parole et toute intervention sur son avenir ce que ne manquera pas de rappeler la tante … le film basculera d’ailleurs dans la fadeur des mélos quand le « fiancé » imposé à Norah, analphabète, épie, dénonce …

A partir d’un dessin (portrait du jeune Nayef réalisé par l’instituteur, un portrait-récompense …) très expressif (gros plan où vont se confondre contemplatifs l’œil de Norah, celui du spectateur et celui de la caméra) la sœur Norah, usant de subterfuges n’a de cesse de solliciter l’instituteur (son portrait rivalisera ainsi avec ceux qu’elle voit regarde découpe dans les magazines venus de la ville, magazines qu’elle feuillette en cachette, magazines qui nourrissent son imaginaire … Le film s’ouvre d’ailleurs sur un lent travelling qui recense les « trésors » enfouis dans une valise –dont les visages sans voile de « mannequins » ; ici lumières et couleurs rivalisent de rutilance alors que l’essentiel du film est l’ocre qui poudroie

Dans ce village perdu Sahu, l’épicerie est un havre de …délices : l’épicier, -homme débonnaire ou appâté par le gain ?- peut se procurer des cigarettes américaines (Marlboro pour l’instituteur) des magazines de mode (pour Norah) -soit les deux tentations de la ville et par-delà de l’Occident !! Et c’est au milieu de boîtes de conserves que la jeune fille va « poser ». Une situation audacieuse où les plans se succèdent comme en surimpression (à l’instar de ce voile que Norah écarte légèrement pour la captation d’un regard … à immortaliser)

A la douceur apparente (qu’accentue la musique apaisante d’Omar Fadel) s’oppose un bouillonnement intérieur ; à l’apprentissage de la lecture de l’écriture du dessin -c’est la « mission » et l’ambition de Nader- s’oppose le traditionalisme d’une microsociété (les efforts du grand-père de Norah sont d’emblée frappés d’inanité et le renvoi de l’instituteur semeur de discorde le prouve aisément.) Jeu de contrastes. Circulation de regards aussi, furtifs ou voilés, curieux ou désapprobateurs, dispensateurs ou non de symboles, ces regards ne seraient-ils pas comme l’alpha et l’oméga de la création… cinématographique ?

Et pourtant l’ennui guette … Cherchez l’erreur !!! 

 

 

Colette Lallement-Duchoze

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