De Darin J. Sallam (Jordanie Suède 2021)
Avec Karam Taher Ashraf Barhom Ali Suliman
Festival du film de Toronto septembre 2021
Festival du film de la mer Rouge à Djeddah, Arabie saoudite, décembre 2021.
Meilleur film pour la jeunesse aux Asia Pacific Screen Awards,
Présenté à Rouen (Omnia) dans le cadre du festival Regards sur la Palestine -6ème édition du 4 au 6 octobre 2024
Argument Dans la Palestine de 1948, une jeune fille de 14 ans assiste, depuis un garde-manger fermé à clé, à la catastrophe qui dévaste sa maison...
La plate-forme Netflix fut violemment conspuée par Israël et …menacée (Farha inciterait à la haine des soldats israéliens)
Tout en recourant à des éléments fictionnels (mais en s’inspirant d’événements réels -1948 le trauma de Radieh, adolescente palestinienne) - en adoptant de bout en bout le point de vue de la jeune fille, c’est la Nakba dans ses horreurs qui est « montrée » à travers l’expulsion de villageois , l'exécution emblématique d’une famille et comment elle est vécue de l’intérieur (cloîtrée Farha grâce à de rares et minuscules trouées de lumière voit (assiste à) l’innommable
Le film s’ouvre sur des scènes qui ont le charme désuet des pastorales d’antan, scènes qui célèbrent aussi l’amitié entre Farha et Farida, scènes idylliques. Bonheur ? (Farha ou "la joie", Farha, la rebelle, sait qu’elle va étudier à la ville… ) Hélas un bonheur de courte durée. Après l’eau lustrale des cascades, les bruits des rires et des clapotis, voici qu’éclate la menace mortifère (coups de feu , sommations) et c'est la fuite. MAIS Farha préfère rester avec son père le maire activiste du village qui, pour la sauver, l’enferme dans un « garde-manger » l’assurant de son retour.
Désormais la pénombre va envelopper le quotidien de la prisonnière claquemurée (quelques rais lumineux -à la fonction symbolique un peu appuyée certes- de gros plans sur le visage -où le grain de la peau se confond avec celui du sable-, ou sur le corps gisant -qui se confond lui aussi avec le sol …) Farha ou la perte des rêves la perte des siens la perte de la …Vie ? Une attente une angoisse et la bande son …tout semble reposer sur la permanence de …« l’imprévisible » (schéma narratif) . Jusqu’au jour où une famille (qui s’agrandit sous l’œil de l'adolescente) trouve refuge dans la maison familiale ; là encore les « lueurs d’espoir » n’auront pas le temps d’« étinceler ». Une patrouille israélienne -aidée par un « traître » encapuchonné va exécuter sans état d’âme toute la famille, laissant la vie …sauve… après hésitation au bébé qui vagit…(et simultanément nous assisterons à une maturation intérieure, l’évolution du personnage, de l’adolescence à l’âge adulte)
Est-ce cette séquence qui dans son réalisme cru sauvage a déclenché l’ire d’Israël (auquel cas je renvoie les spectateurs à l’ouvrage « le livre noir de l’occupation israélienne » : 145 témoignages de soldats israéliens,, collectés par Zeev Sternhell 2012 ) Est-ce ce qui est suggéré -la naissance d’Israël dans le sang ? ce qui renverserait un tabou : dans la mémoire imposée , ce qui a précédé 1967 reste dans les limbes ? est-ce le rôle de la femme soldat aussi « barbare » que ses « acolytes » masculins ? Tout cela à la fois, assurément
Est-ce fauter que de se réapproprier son histoire ?
Or de l’aveu même de la réalisatrice, FARHA est une histoire d’amitié, d’aspiration, de séparation, de rite de passage, d’exil, de la survie et de la libération face à la perte, le tout vu à travers les yeux d’une jeune fille ».
A voir c’est une évidence
Colette Lallement-Duchoze