De Daniel Hoesl et Julia Niemann (Autriche 2024)
Avec Laurence Rupp (Amon) Ursina Lardi (Viktoria), Olivia Goschlher (Paula) Dominik Warta (Volker) Markus Schleinzer (Alfred)
Sélection festival Sundance
Section Harbour de l'IFFR. (Festival du film international de Rotterdam)
argument: La famille Maynard mène une vie fastueuse et rêvée de milliardaires… en apparence. Le patriarche, Amon, a pour passion la chasse, mais ses proies favorites ne sont pas les animaux. Malgré des accusations de plus en plus nombreuses et précises, ce clan se pense totalement au-dessus des lois.
De très gros plans sur les gestes de la cavalière, sur l’allure, l’amble et les sabots du cheval, sur les mimiques des visages des spectateurs, très gros plans qui décomposent avec une lenteur insoupçonnée le mouvement, voilà une approche clinique (assez déroutante) d’autant qu’elle est au service de la « méritocratie » ; elle va d’ailleurs « encoder » le film ! (mécanique bien huilée d’un système ???)
Ultra stylisée, aux couleurs aussi froides et glacées que celles d’un magazine de mode, ou cotonneuses voire embuées, un accompagnement musical qui utilise le répertoire classique (Boléro, le beau Danube bleu) mais avec une bande-son qui duplique sous forme de couacs d’onomatopées de vocalisations la voix off de la fille Paula, la mise en scène de ce film « audacieux » pourra agacer ou séduire (du moins entraîner l'adhésion)
La formule lapidaire de César (célébrant sa victoire « facile » en -48 avant JC sur Pharnace II roi du Pont) veni vidi vici permet un découpage en trois parties pour illustrer une satire sociale, sous forme de fable : les richissimes ont tous les droits (même celui de « tuer ») ils restent impunis grâce à la complicité des politiques de la justice des industriels et des médias (cf le rôle de la première ministre, le sort dévolu au garde-chasse ou au journaliste indépendant Volker dont la volte- face est exemplaire…)
Amon Maynard, passionné de chasse, lui le milliardaire décomplexé étalant tout autant le luxe de sa somptueuse demeure (assez kitch) que l’image d’une famille de « conte de fées » (filles adoptées, épouse avocate qui s’adonne aux « bonnes œuvres » et qui veut coûte que coûte procréer, etc ..) lui , le « tueur en série » recherché par la police, triomphe, il savoure -en la revendiquant- une liberté qu’aucun système ne saurait compromettre bafouer, -tant est patente la couardise de tous ses congénères
Son rire (fou par moments) ne saurait être communicatif ; la fable n’a rien de farcesque (on penserait plutôt à Ruban blanc quant au rôle de la fille …qui va perpétuer avec l’aval de la mère la sordidité impunie (elle n’a que 13 ans… diront les deux représentantes de l’Ordre de la Justice, filmées de dos ….)
Un film que je vous recommande tant est patente l’adéquation entre les choix formels et narratifs et la métaphore du pouvoir vampirique ou mortifère des richissimes -quand bien même celle-ci serait éculée….et quand bien même la voix off de Paula qui dispense une profusion de sentences explicatives serait trop envahissante....
Colette Lallement-Duchoze