de Jonas Trueba (Espagne 2024)
avec Itsaso Arana, Vito Ganz Fernando Trueba
Argument: Après 14 ans de vie commune, Ale et Alex ont une idée un peu folle: faire une fête pour célébrer leur séparation...Si cette annonce laisse leurs proches perplexes le couple semble certain de sa décision
Nous avions suivi Eva en août dans la torpeur madrilène (Eva en août (la virgen de agosto) - Le blog de cinexpressions) ; nous avons vu entendu de micro événements à la Rohmer (Venez voir - Le blog de cinexpressions) et nous voici à nouveau sollicité(s) pour une urgence : célébrer la séparation entre Ale et Alex après 14 ans de vie commune…. On retrouve dans ce long métrage la même dilection pour les dialogues- qui enchevêtrent références philosophiques, quotidienneté, contemporanéité, commentaires de films-, le même goût prononcé pour les plans séquences et plans fixes. En outre et compte tenu des métiers exercés par Ale (réalisatrice) et Alex-(acteur) voici enchâssé un film dans le film et débutera la "valse des hésitations " tant pour les personnages de la -(des deux)- fiction(s) que pour le spectateur …A celles formulées par Ale sur le choix du générique de fin pour le film qu’elle est en train de « monter » , voici en écho celles du spectateur (superposition de deux films ? dont l’un serait la mise en abyme de l’autre ? et où l’acteur Alex qui joue dans les deux prolongerait un "rôle" dans une vidéo, devenue « archive » ? ou s’agit-il plutôt d’un seul et même film que l’on pourra embobiner réembobiner à des vitesses différentes, un film où l’on peut couper au montage, tout comme Ale se plaît à faire des arrêts sur images, à accélérer, à retourner en arrière…illustrant en cela les propos du cinéaste « la vie est un film mal monté » D’emblée la séquence d’ouverture était sujette à caution (discussion sur l’oreiller : un rêve un cauchemar ou la réalité ?) Et la division en chapitres dont les titres empruntent au processus de création renforce cette impression
Ale et Alex vont annoncer à leurs amis leur "séparation consentie" et les convier à une fête célébrant cette rupture ; ce sera le 22 septembre soit la fin de l’été (une date géniale pour un nouveau départ ; un clin d’œil à la chanson de Brassens ?) Telle est l’intrigue…qui une fois de plus frappe par sa ténuité ! Qu'importe!
Le cinéaste use -sans abuser- du comique de répétition : des propos identiques suivis du constat « nous allons bien » réitérés ad libitum mais jamais ad nauseam – souvent proférés avec une forme de moquerie celle de l’auto dérision-. Tout est dans la façon d’appréhender et de filmer l’annonce (diversité des réactions jusqu’à l‘aveu hypocrite du père… interprété par Fernando Trueba, le père du réalisateur…) et dans cette façon de rompre les questions des préparatifs (nombre d’invités lieu musique traiteur) par des commentaires plus techniques (sur le film en train de se faire et partant sur le septième art) plus philosophiques (sur l’amour la vie la mort) par ces « décloisonnements » (intérieur de l’appartement, la ville filmée en plans larges ou plus rapprochés, jusqu’aux travellings latéraux sur les visages en liesse des participants et ce kaléidoscope un peu kitsch sert de ….générique de fin !!! Il fallait l’oser !!
On a empaqueté livres bibelots disques cd avant le grand déménagement, tout comme on empaquette ses souvenirs. Un adieu ou un au revoir ?
Un film porté par la talentueuse actrice Itsaso Arana (compagne du cinéaste) et le non moins performant Vito Sanz
Ce film est un geste rebelle, provocant, on part d'une plaisanterie, pour faire une comédie romantique, universelle, entre un homme et une femme
A voir!
Colette Lallement-Duchoze