de Laetitia Dosch (2024 France Suisse)
avec Laetitia Dosch, François Damiens, Anne Dorval, Jean-Pascal Zadi , Pierre Deladonchamps Mathieu Demy, Kodi le chien
Festival de Cannes 2024 Un certain regard
Palm Dog pour Kodi
Présenté en avant-première hier à l'Omnia en présence de Laetitia Dosch
Sortie le 11 septembre
Argument: Avril, avocate abonnée aux causes perdues, s’est fait une promesse : sa prochaine affaire, elle la gagne ! Mais lorsque Dariuch, client aussi désespéré que sa cause, lui demande de défendre son fidèle compagnon Cosmos, les convictions d’Avril reprennent le dessus. Commence alors un procès aussi inattendu qu’agité : le procès du chien.
D’emblée -dès le générique- la voix off de Laetitia Dosch introduit le spectateur dans une "histoire" dans son univers mental -bilan d’une carrière bien modeste - mais aussi dans un monde où s’opposent le burlesque et le sérieux, le dominé et le dominant-; -ce dont témoignent le face à face humiliant avec son "supérieur " mâle, le vocabulaire trivial, l’hébétude qui se lit sur le visage de l’avocate quand se présentent le malvoyant et Cosmos, son chien accusé de …morsures sur des …femmes. La voix off par la suite tout en alertant le spectateur, permet à l'avocate de s’interroger comme en se dédoublant, de commenter, distribuer des satisfecit ou des blâmes et au final -en écho au prologue- elle sert d'épilogue au ....procès du chien....
L’incongruité de certains épisodes et le grossissement – jusqu’à la caricature cf le personage de l’avocate de la partie civile politicienne aux dents longues - loin de desservir le propos l’inscrivent au contraire dans le genre de la comédie. Une comédie en ses diverses nuances, burlesque, grotesque, humour, légèreté. Comique de situation (et F Damiens d’entrée de jeu qui est aussi une entrée en scène avant d’être entrée dans le prétoire, fait un numéro de malvoyant hilarant ; la façon de faire entrer dans le cadre le chien, impérial, au regard implorant ou aux aboiements inattendus ); comique de mots (les questionnements ad libitum sur les notions de « bien meuble » « chose » « animal machine » bref sur le statut à donner à un chien « accusé » de surcroît de misogynie); l’écart entre la légèreté formelle assumée et le sérieux des problèmes abordés (altérité antispécisme violences domestiques) Il y a des « numéros irrésistibles » -celui du comportementaliste qui pour être pédagogue n’en est pas moins délirant en imitant par des circonvolutions, et des circonlocutions celles supposées du cerveau mammifère ; la réunion d’un comité d’éthique où siègent imperturbables, les représentants de différentes religions et philosophies ou encore cette séquence où l’on a imaginé un immense buzzer horizontal à l’adresse du chien sommé de répondre en appuyant de sa patte sur tel ou tel bouton… Seule l’avocate souffrirait de ne pas trouver le « ton juste » celui qui dévoilerait son être profond ? (Quand est-ce que j’arriverai à parler comme je suis bordel de merde confie-t-elle à son jeune voisin alors qu’ils visionnent les infos sur le petit écran) et d’ailleurs sa plaidoirie finale semble récitée avec difficulté… au moins est-elle sincère loin des éructations dignes de CNews qu'incarne Anne Dorval
Ainsi Le procès du chien serait (aussi) une sorte de parcours initiatique dont les étapes seraient scandées par ces gros plans sur le visage de l'avocate -dont un cadré à la Brancusi ; et l’ovalité trouve une sorte d’irénisme dans ce cadre où l’avocate et le chien reposent dans une forme ellipsoïdale faisant corps avec une nature protectrice et nourricière…Et au final après le verdict (ne pas spoiler) l'avocate filmée de dos, ne s'est -elle pas "libérée" " de certaines emprises ....
Accélérer, ralentir, couper le son autant de procédés qui participent aussi d’un même choix. La rigidité de la salle d’audience (où tout est codifié avec ses bancs ses alignements sa répartition de l’espace sa cohorte d’experts et cette immense toile de fond qui représente un paysage suisse) contraste avec les intérieurs d’appartements ou les extérieurs mais surtout avec des instantanéités incontrôlées.
Ce premier film de l’actrice est une fable fantaisiste, hilarante parfois, où se télescopent des profils et des idéologies si bien ancrées dans notre quotidien…
Un film que je vous recommande
Colette Lallement-Duchoze