3 août 2024 6 03 /08 /août /2024 05:39

d'André Téchiné (2023)

 

avec Isabelle Huppert,  Hafsia Herzi, Nahuel Pérez Biscayart

Synopsis Lucie spécialisée dans la police technique et scientifique, est proche de la retraite. Son quotidien solitaire est troublé par l'arrivée dans son lotissement d'un jeune couple, parents d'une petite fille. Alors qu'elle se prend d'affection pour ses nouveaux voisins, elle découvre que Yann, le père, est un activiste anti-police au lourd casier judiciaire. Le conflit moral de Lucie entre sa conscience professionnelle et son désir d'aider cette famille fait vaciller ses certitudes

Les gens d'à côté

 

Nul manichéisme  dans le film de Téchiné.. Plutôt une confrontation entre ce qui est du domaine de l'intime des convictions personnelles et ce qui relève du code citoyen, une  mise à mal de certains clichés …(mais dont le symbolisme "facile" pourra déplaire !!!)

Par petites bribes, on apprend le trauma dont souffre Lucie (force est de reconnaître ici que la récurrence de ses rendez-vous avec le fantôme de son compagnon suicidé, censée illustrer les séquelles de la perte, n’est pas toujours convaincante…). Un mal que le sport -ou du moins la pratique régulière de la marche ou le jogging doit partiellement guérir…. Là encore les mini séquences où la caméra filme de profil ou de face  Isabelle Huppert en tenue de jogging, censées scander la narration (telle une ponctuation tel un souffle) mettre en évidence les étapes d’une évolution (confrontation avec des dilemmes, avant les "choix") sans verser dans le ridicule, mettent mal à l’aise (quand bien même la respiration syncopée aura transformé un appel au secours en combat contre la chute.)

Oui Lucie a trouvé dans "les gens d’à côté" une nouvelle famille, affective. Famille qu’elle "espionne" avec bienveillance (cf l'affiche)  splitscreen ou travelling latéral sur les fenêtres, un clin d’œil à fenêtre sur cour et à sa mécanique qui transforme le voyeurisme en engagement ? Assurément. Les liens très forts qui se nouent entachent ceux tissés depuis longtemps avec sa « famille professionnelle » … Le dilemme -sauvegarder une amitié naissante ou dénoncer l’activisme délictueux de Yann (Nahuel Perez Biscayart) le mari de Julia (Hafsia Herzi au phrasé et à la pudeur toujours convaincant.es)  participe du refus d’un manichéisme. Lucie à un moment a choisi, (à la scène où nous la voyions dans l’exercice de ses fonctions après une arrestation, répond celle où les mêmes gestes seront accomplis sur …elle…) D’ailleurs le cheminement de ce personnage  (interprété par  Isabelle Huppert, souveraine comme à l’accoutumée) n’est-il pas traité comme une  " enquête" ? (romanesque bien évidemment !!)

Après l’amorce d’une  "renaissance" (d’ailleurs les visites de feu son « compagnon » se raréfiaient), le dernier quart du film - voix off de Lucie, ellipse temporelle- célèbre une autre forme de "triomphe" : les vertus du « vivre ensemble » même dans un éloignement contraint : ce qu’illustre le dernier plan : la gamine est filmée de loin, mais sa présence et son geste vont illuminer le visage de Lucie filmé de près

Circularité dans la construction -le plan final est comme un écho à la scène de la première rencontre entre Lucie et les gens d’à côté grâce à l’enfant « égaré » sur le sable ? Certes mais avec un changement d’angle de vue (déjà amorcé dans la scène de patinage artistique) et surtout avec la perspective (suggérée) d’un futur qui n’est plus à « conquérir »

 

Un film à voir!

 

Colette Lallement-Duchoze

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