28 août 2024 3 28 /08 /août /2024 03:29

d'Akira Kurosawa (Japon 1963) version restaurée

 

avec Toshiro Mifune (Gondo) Tatsuya Nakadai (Tokura détective en chef) Masayuki Muri Tatsua Mihashi (le secrétaire de Gondo)  Tsutomu Yamasaki (le ravisseur)

 

Rétrospective A Kurosawa Omnia du 21 août au 3 septembre 2024

Séances jeudi 19h45, samedi 10h30, lundi 14h

. Actionnaire d’une grande fabrique de chaussures, Gondo décide de rassembler tous ses biens pour racheter les actions nécessaires lui permettant de devenir majoritaire. C’est alors qu’on lui apprend qu’on a enlevé son fils...

Entre le ciel et l'enfer

Multiplicité des genres -film noir, à suspense, polar thriller, drame social, -, inventivité de la mise en scène - d’abord un huis clos -qui devient le réceptacle d’une conscience confrontée à un dilemme, puis en extérieurs traque enquête d’indices et  plongée dans les bas-fonds pour une  chasse à l’homme, le ravisseur ; Oui le film de Kurosawa est tout cela à la fois. Si le ciel et l’enfer (du titre évocateur…) ne renvoient pas explicitement à « nos » catégories religieuses ils peuvent « signifier » en dénotation, le « haut » (soit la maison de Gondo "arrogante"  dans son luxe ostentatoire ) et les bas-fonds (où croupissent les mal- logés les drogués en manque de came)  le monde rutilant de la richesse opposé à celui de la crasse misérable et miséreuse  …Les concepts "bien et mal"  sont souvent imbriqués chez le cinéaste (ce dont témoignera le face à face final qui  "oppose"  Gondo au ravisseur lequel dévoile ses motivations profondes bien éloignées de l’appât du gain !)  Peu  (ou trop) de « distance » entre « le ciel et l’enfer » ? Et le personnage du chauffeur Anki (dont c’est bien le fils qui a été kidnappé...) ne représente-t-ll pas cet « entre deux » ???  

La dimension « sociale » du film est patente -encore plus dans  la troisième  partie où la caméra nous entraîne dans les bas-fonds de Yokohama (années 1960) - avec cette alternance de rythmes (soutenu ou plus posé le passage de l’un à l’autre marqué par la reprise d’un thème musical -qui d’ailleurs scande les différents « moments » de l’intrigue… Ecoutons les fracas de la ville, parcourons ses ruelles nauséabondes, pénétrons dans ses plis et replis, dans les bouges, dans l’univers des dealers de la drogue. A l’aspect dédaléen de l’enquête (2ème partie) où à  chaque réunion le chef résume avec méticulosité chaque avancée, chaque détail dont certains qui a priori semblent incongrus - les 7cm d’épaisseur de la sacoche par exemple -, alors que  l'on visualise   leur illustration sur l'écran , voici en écho l’intrusion dans le labyrinthe de la ville, cet « enfer » On retiendra la scène époustouflante où une jeune femme en manque d’héroïne, filmée de dos, titube accrochant ses mains ses ongles s’agrippant, tâtonnant,  à la recherche de …et plus encore  ce visage écumant d’une autre jeune femme sur laquelle le « ravisseur » a « testé les « effets » de la drogue…pure

Un film sous tension constante,

 un film « noir »,

un film à voir ou revoir

impérativement !

 

Colette Lallement-Duchoze

Entre le ciel et l'enfer

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