23 juillet 2024 2 23 /07 /juillet /2024 05:40

De Jonathan Millet (France)

 

avec Adam Bessa  (Hamid), Tawfeek Barhom (Harfaz) , Julia Richter (Nina)

 

Cannes 2024 semaine de la critique (ouverture)

argument: Hamid est membre d'une organisation secrète qui traque les criminels de guerre syriens cachés en Europe. Sa quête le mène à Strasbourg sur la piste de son ancien bourreau.

Les fantômes

Corps entassés bringuebalés dans l'obscurité, musique surdimensionnée accompagnant les cahots du camion militaire ; arrêt ; ouverture de la bâche ; aveuglés par la lumière ces « prisonniers » titubant (tels des spectres) sont livrés à la solitude et à la chaleur du désert, alors que cinglent les ordres et que claquent les balles…  C’est la scène d’ouverture, un prologue saisissant ! Parmi ces rescapés de la prison Saidnaya voici Hamid empêché de secourir un autre camarade,  par le soldat qui le menace de son arme (était-ce son bourreau ?)

C’est le parcours  d’Hamid que nous allons suivre désormais (à Strasbourg Berlin Beyrouth Paris) lui l’ex-prisonnier engagé dans une organisation à la recherche des tortionnaires  ces "criminels de guerre syriens cachés en Europe" 

Les fantômes : un film où le hors champ sur la terreur est aussi palpable que celle subie par Hamid -dont les cicatrices sur le dos, sont les stigmates. Terreur que ressuscitent ces voix enregistrées.... plus suggestives que des flash-backs  Hamid en tant que père et époux  est aussi en proie à la douleur , celle d'avoir perdu ces êtres chers à jamais disparus ....il les contemple tels des fantômes sur cette photo. si précieuse -avant son enfouissement définitif mais qui ne sera pas synonyme d’oubli !  

Un film où s’opère la fusion par mimétisme du paysage intérieur et des lieux traversés ou approchés. Le  choix de la bibliothèque pour traquer l’ennemi, l’ex bourreau,  n’est pas anodin (moins par le fait qu’Hamid fut professeur de lettres que par la volonté implicite de tout répertorier tout consigner et la bibliothèque  temple du souvenir , métaphorise cette volonté)

Un film qui renvoie aux films d’espionnage pour la thématique de la  traque mais  qui s’interroge sur le deuil la justice la vengeance., Le choix de cadres serrés ou de gros plans sur un visage un regard suspicieux exalté scrutateur, celui de la sobriété mais aussi celui de sons amplifiés voire déformés sont au service d’une tension qui jamais ne faiblit. Le jeu de l’acteur Adam Bessa -tout en intériorité nuances et magnétisme- emportera l’adhésion du spectateur -

La mission d’infiltration qui inévitablement passe par le mensonge va culminer dans cette rencontre, un face à face à la table du restaurant de l’université, où Hamid et son ex bourreau disent calmement les pires mensonges…Auparavant Hamid s’était fié à ses intuitions (les odeurs la voix la main portant les séquelles des atrocités commises sur lui lors des interrogatoires)

Eminemment sensoriel ce film met en exergue une urgence quasi organique

 

Un film à ne pas rater !

 

Colette Lallement-Duchoze

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