de M. Szumowska et M. Englert ( Pologne 2023)
avec Małgorzata Hajewska-Krzysztofik, Joanna Kulig, Mateusz Więcławek
Présenté en compétition officielle à la Mostra de Venise
Synopsis: C’est l’histoire d’Andrzej, bon mari et jeune père, dans une petite ville de Pologne au milieu des années 80. De plus en plus mal dans son corps, il tente au fil des années de trouver sa véritable identité, dans une société bouleversée par la fin du communisme. C’est l’histoire d’un être à qui on interdit d’être soi...
Pour évoquer 45 ans de la vie d’une femme transgenre, la caméra est d’abord virevoltante,; se succèdent des scènes brèves (voire elliptiques) comme autant de tableautins lumineux, où alternent l’intime et le collectif alors que défilent (le plus souvent en filigrane) les soubresauts de l’histoire polonaise (Solidarnosc le pape en effigie, les mouvements de grève, la fin du communisme, 1989 etc..) Au cœur de tout cela, un personnage souffrant d’un mal être : celui d’habiter un corps étranger, subir au quotidien les affres de la discordance entre le paraître et l’être profond – Andrezej (Mateusz Więcławek) se soumet dans un premier temps à ce que l’on attend de lui !-. et de fait il se comporte en mari et père aimant ; MAIS Andrezej EST en fait Aniela (Malgorzata Hajewska-Krzysztofik), le revendique puis « elle» va mettre tout en œuvre pour l’assumer pleinement !!! et nous suivons son « parcours » jusqu’en 2022, parcours qu’irrigue une double dynamique interne : problème traité en termes médicaux (dans son évolution, sa prise en charge) ou pathologiques (dans l’entourage), mais clarté de l’évidence pour Aniela. Comment se faire accepter ? Que d’obstacles à franchir ! (couple, famille, travail, milieu médical religieux et juridique et ce, dans un pays de l’UE qui en 2023 (comme le dira explicitement le générique de fin) n’a toujours pas de législation idoine ! reste indifférent aux droits des personnes transgenres ; on connaît l’état polonais et sa LGBTphobie (cf les « zones anti-LGBT »)
L’épousée Iza (interprétée par Joanna Kulig, que nous avions vue dans Cold War) d’abord furieuse deviendra une complice bienveillante ! Cet itinéraire à mettre en parallèle avec celui d’Aniela constitue une force du film et si les quatre décennies de l’histoire polonaise servent de toile de fond pour raconter une histoire intime, elles sont censées « montrer une évolution » vers plus de liberté pour la communauté LGBT …Hélas !! l’histoire récente aura anéanti les espoirs…
Un film dont la spécificité est donc d’illustrer d’analyser une transition tardive. Et pour mener à bien ce projet queer les deux réalisateurs ont banni le pathos tout autant que la violence et la victimisation.
Mais des longueurs, des effets faciles (narration réduite à des anecdotes avec gros plans, ralentis et accélérés dans les allers et retours avec l’enfance la jeunesse) le symbolisme appuyé de certaines scènes, tout cela nuit au propos : interrogations identitaires et droits des personnes trans en Pologne
Dommage !!
Colette Lallement-Duchoze