de Jeff Nichols (USA 2023)
avec Austin Butler (Benny) Jodie Comer (Kathy) Tom Hardy (Johnny) Mike Faist (Danny Lyon) Michael Shannon, (Zipco) Damon Herriman (Brucie)
Présenté au festival du film de Telluride (50ème édition août septembre 2023)
synopsis: Dans un bar de la ville, Kathy, jeune femme au tempérament bien trempé, croise Benny, qui vient d'intégrer la bande de motards des Vandals, et tombe aussitôt sous son charme. À l'image du pays tout entier, le gang, dirigé par l'énigmatique Johnny, évolue peu à peu. Alors que les motards accueillaient tous ceux qui avaient du mal à trouver leur place dans la société, les Vandals deviennent une bande de voyous sans vergogne. Benny devra choisir entre Kathy et sa loyauté envers le gang.
Au départ un livre de photographies, The Bikeriders, (1968) qui raconte la vie d’un gang de motards The Chicago Outlaws Motorcycle Club, à travers des clichés (nous en verrons quelques-uns au générique de fin) et des entretiens : l’auteur de cet album Danny Lyon est interprété par Mike Faist ; l’intervieweur de …Kathy. C’est elle qui dans le film de Jeff Nichols « raconte » : sa rencontre avec Benny, sa vie avec lui et le destin de la bande de motards dans les années 1960, le club du Midwest The Vandals dont le chef Johnny (Tom Hardy), incarne les « deux faces » d’une réalité (la brute sympathique). Or l’artificialité du procédé est criante, pire la « caution » d’un point de vue féminin sur le « virilisme » inhérent au gang de motards rouleurs de mécaniques, « rois du bitume » reste purement formelle ….
Dommage
Car l’interprétation de Tom Hardy/Johnny, Jodie Comer/Kathy et Austin Butler/Benny est saisissante de justesse De plus, la reconstitution de l’époque est habile et assez convaincante, (cf les ambiances, les vastes étendues sillonnées par les deux roues, les rassemblements festifs) et le cinéaste crée un tempo en faisant alterner scènes de bagarres beuveries (filmées au plus près avec parfois un zoom sur un objet) chevauchées pétaradantes (filmées parfois au ras du sol) et séquences plus intimes (face à face Kathy/Benny, Benny/Johnny,) tout cela scandé par un choix impressionnant de musiques. L’auteur a opté pour une sorte de no man’s land non loin de Chicago -lambeaux d’urbanité et routes de campagne- soit un univers à circonscrire ou auquel s’adapter pour une forme de « survie » (et non pas « échappée libre », en temoignent aisément la panne de Benny et ses velléités)
Enfin, l’évolution du club après l’échec de la vie communautaire préconisée par Johnny et les siens - vers un destin plus violent (suite aux ravages de la guerre du Vietnam ?) -soit de la bande au gang, de la confrérie à une forme de mafia-, marque(rait) une forme d’engagement de la part du cinéaste (l’effondrement du rêve américain ? la dénonciation de la violence gratuite ?) et il en irait de même pour le final, plus conventionnel mais magnifié par un champ contrechamp (ne pas spoiler)
Impression mitigée
Colette Lallement-Duchoze