15 juin 2024 6 15 /06 /juin /2024 07:09

De Rose Glass (USA G-B 2023)

 

avec Kristen Stewart, Katy O'Brien, Jena Malone, Ed Harris

 

Présenté à la Berlinale 2024 en sélection officielle hors compétition

Synopsis: Lou gère une salle de sport où elle rencontre et tombe amoureuse de Jackie, une culturiste ambitieuse qui traverse la ville pour se rendre à Las Vegas à la poursuite de son rêve. Leur relation passionnée et explosive va les entraîner malgré elles dans une spirale de la violence 

Love lies bleeding

 Love Lies Bleeding évoque les aspects toxiques de l'amour et comment il peut susciter à la fois l'excitation et la terreur (propos de la réalisatrice)

Dès le générique, le rythme trépidant, les très gros plans (voire zooms) sur des parties de corps bodybuildés ou/et sur des rouages d’appareils de sport, les éclairages, la bande-son surdimensionnée, tout  encode le film : une démonstration de force -nous sommes en1989, c’est la fin de l’ère reaganienne qui au cinéma avait imposé la culture du virilisme…culture que la réalisatrice va se réapproprier en la revisitant. La séquence suivante où Lou nettoie des chiottes plongeant dans la merde mains et avant-bras …parachève les prémices ; alors que dans la voiture un couple (le beau-frère et la culturiste qui débarque) s’envoie en l’air avec fracas…

Un échange de regard(s) qui électrise. Un amour naissant.

Mais cette histoire d’amour va vite tourner au cauchemar "rouge sang" (cf le titre) La famille de Lou rappelle étrangement celle des Atrides un père criminel allié au potentat local et au FBI, une sœur défigurée à force d’être tabassée par le mari, la justicière Lou  engluée dans les mensonges, victime collatérale de "crimes" à répétition  qu’elle doit "maquiller"

Thriller, road movie criminel ce film mêle fantastique (la faille géologique comme réservoir et habitacle de passés individuels trop lourds à supporter, le corps qui gonfle sous nos yeux grâce aux produits dopants) et réalisme cru (avec une certaine complaisance pour les très gros plans sur des visages fracassés tuméfiés et des corps dégoulinants de rouge sang)

Mais ne nous méprenons pas ; Jackie la massive ne serait-elle pas un colosse aux pieds d’argile?  Et l’annonce racoleuse « thriller lesbien » doit être nuancée. Certes le film fait la part belle à la relation amoureuse sexuelle entre les deux femmes, mais il ne saurait ériger le lesbianisme en dynamique militante, il interroge plutôt la toxicité de l’amour -le coup de téléphone au  frère résonne comme un avertissement désespéré « ne sois jamais amoureux…Grâce au sexe et par le sexe, Jackie voit littéralement ses pulsions bestiales jaillir sur le devant de la (sa)  scène alors que Lou l’amante tente de préserver la part aimante de chacune en une étonnante symbiose

Un film qui décoiffe, un film viscéral mené tambour battant par les deux actrices Kristen Stewart et Katy O'Brien

Un film à ne pas manquer (malgré les outrances et redondances pétaradantes)

Un film riche aussi en références cinématographiques (laissons aux exégètes patentés le soin de les identifier, de les commenter,  la réalisatrice facilitera leur tâche dans ses « notes d’intention »)

 

Colette Lallement-Duchoze

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