17 juin 2024 1 17 /06 /juin /2024 12:13

De Jean-Christophe Meurisse  (2024)

 

avec Delphine Baril, Charlotte Laemmel, Laurent Stocker, Gaëtan Peau, Vincent Dedienne Aymeric Lompret, Jonathan Cohen, François Rollin, Romane Bohringer, Philippe Rebbot, Nora Hamzawi

 

 

présenté en clôture de  la Quinzaine des cinéastes Cannes 2024

 

 

sortie en salles  le 26 juin 

Synopsis: Léa et Christine sont obsédées par l'affaire Paul Bernardin, un homme soupçonné d’avoir tué toute sa famille et disparu mystérieusement. Alors qu'elles partent enquêter dans la maison où a eu lieu la tuerie, les médias annoncent que Paul Bernardin vient d'être arrêté dans le Nord de l’Europe

 

Dupont de Ligonnes version comédie (cf l'affiche) ??

Les pistolets en plastique

Dans ce troisième long métrage (après Apnée et Oranges sanguines) le cinéaste (qui est aussi rappelons -le à la tête de la troupe de théâtre, « Les Chiens de Navarre »), continue à « bousculer » la comédie française ; en prenant plaisir à mêler l’absurde la tragédie la comédie, l’humour et la gravité, dans un film plus qu’hybride (parodie du policier, comédie sociale et même film d’horreur). Refusant de se cantonner dans un genre unique, il opte une fois de plus  pour une succession de tableaux multipliant les points de vue

Vous allez assister à une farce loufoque baroque déjantée, irrévérencieuse et caustique, dont l’intrigue policière - inspirée de l’affaire Dupont de  Ligonnès- sert de prétexte

Le ton est donné dès le générique (prologue qui encode le film) : toutes les informations sont entrecoupées par le dialogue entre deux médecins légistes en train de disséquer un cadavre, dans un décor verdâtre, maculé de sang avec une panoplie d’instruments d’équarrissage…: Oui et c’est à déplorer disent-ils -surtout Jonathan le mytho- à grand renfort de clichés, les gens aiment le sang, le mal, les séries gore, les tueurs en série ; il colporte aussi la rumeur  concernant un célèbre indicateur de l’orientation sexuelle....

C’est bien la France contemporaine que l’on va disséquer….et en particulier son goût trop prononcé pour les faits divers glauques 

Les deux enquêtrices du web, Léa (Delphine Baril) et Christine (Charlotte Laemmel), le vrai (Faux ?) Paul Bernardin  (Laurent Stocker) le tueur réfugié en Argentine, et le danseur country Michel Uzès (Gaëtan Peau) sont les quatre personnages principaux dont les trajectoires servent de trames narratives. A leurs côtés et sur le modèle de la comptine "trois petits chats" dorica castra (que nous entendrons à la fin du générique de fin) des personnages « secondaires » (dont certains que nous ne reverrons plus…)  des « sous intrigues », des péripéties qui toutes à des degrés divers dénoncent des incompétences notoires (enquêteurs de la police française dans une séquence où par écran interposé les deux Français sont incapables de communiquer avec leurs homologues danois) séquences /sketches aussi (cf la concierge qui débite, triviale,  propos racistes, homophobes, et clichés sur l’insécurité). Ces péripéties  sont l’occasion de one man show (cf l’entrée dans le cadre et dans l’aéroport de ce Zavatta (Anthony Pialotti) journaliste aussi célèbre qu’incompétent et son machouillage de cure-dent) Et ce faux coupable (comme le fut Guy Joao) objet de tous les délires, victime d’une  erreur politico-médiatico judiciaire et pire encore.... (ne pas spoiler…)

Oui la société est mal barrée ; oui la justice est incompétente, oui la police est incapable, oui l’opinion est versatile et toutologue, oui le méchant ne peut que triompher en absurdie !! Mais quand le film « reconstitue » la scène du crime,  on ne rit plus…

 

Parfois les décors d’un blanc laiteux ou chirurgical théâtralisent le propos (esthétisation ? formalisme décadent ? opposition un peu trop facile avec le rouge et ses connotations ?). Parfois ils versent dans la caricature (cf les intérieurs bourgeois de la bâtisse en France et de son double en Argentine), De même que la musique composite (où Julien Clerc, Dalida Taj Mahal côtoient Bach et Mahler) accentue les dysfonctionnements dénoncés de bout en bout

Certes il y a des passages qui, paradoxalement s’étirent inutilement (les « fausses découvertes » des enquêtrices leur diabolique justice immanente, les engueulades au téléphone, la cérémonie en Argentine) ou incongrus saugrenus (la pseudo performance de la commissaire française, Anne-Lise Heimburger, les confidences d’un ancien alcoolique décidé à boire le jour du mariage car précisément il a cessé de boire …celles de la femme enceinte, voisine de Michel Uzès dans l’avion Paris Copenhague)

 

Certes on pourra toujours reprocher les excès (outrances, profusions formelles, complaisances dans le « gore ») mais n’épousent-ils pas l’impertinence cynique qui sied à la dénonciation du sensationnalisme ?

 

Et d’ailleurs le cinéma de Jean Claude Meurisse ne serait-il pas cathartique? l

"plutôt que de pleurer sur le sort de notre société il vaut mieux rire de notre monstruosité" (Pierre Larvol)

 

Colette Lallement-Duchoze

 

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