De Blandine Lenoir (2024)
avec Izïa Higelin (Juliette) Sophie Guillemin (Marylou, la sœur) Jean-Pierre Darroussin (Léonard, le père) Noémie Lvovsky (Nathalie, la mère) Liliane Rovère (Simone, la grand-mère) Eric Caravaca (Stéphane le mari de Marylou) Salif Cissé (Pollux) Thomas de Pourquery (Adrien l'amant de Marylou)
D’après le roman graphique Juliette: les fantômes reviennent au printemps de Camille Jourdy.
Juliette, 35 ans, illustratrice de livres pour enfants, retourne dans le lieu où elle a grandi pour passer quinze jours en compagnie de ses proches : un père un peu lunaire, une sœur qui a d'autres chats à fouetter entre ses gosses, son boulot, son falot de mari et son amant, une mère aux abonnés absents et une grand-mère qui perd la tête. Souvenirs enfouis, non-dits et secrets de famille remontent à la surface…
Un film « miroir », tant il renvoie aux petits riens qui peuplent notre quotidien, tant il met à nu (parfois avec complaisance) petits bobos mais aussi problèmes existentiels énoncés dans ces formules-clichés auxquelles nous recourons en permanence, le fameux « bon sens populaire ». Dans cette famille dysfonctionnelle, décomposée recomposée, voici un couple aussi saugrenu qu’attachant, Pollux et le « petit canard », voici de la chair (celle de la sœur aînée Marylou) triturée léchée dans sa nudité à la Rubens explosant de plaisir, dans des scènes bucoliques…et fidèle à lui-même voici Jean-Pierre Darroussin en père facétieux, aimant tendre et bourru (rôle dans lequel il excelle)
Reprenons : Juliette souffre d’impatiences, d’insomnie et d’aménorrhée et le séjour à la campagne chez les « siens » (retour dans le giron familial, retour aux « sources ») aura la vertu thérapeutique tant espérée !!!…C’est qu’un trauma enfoui dès la prime enfance va être exhumé (ah la magie de la parole/souvenance, des aveux ) alors que simultanément la sœur aînée va remettre en question « son destin tout tracé » de mère et d’épouse
Si la lumière, quelques jeux de caméra, des plans d’ensemble mais aussi des gros plans (les visages de Pollux de Juliette qui envahissent parfois l’écran) se prêtent à la succession de tableaux, et inscrivent le film dans une symbolique vernale , si la réalisatrice ne néglige aucun personnage dit secondaire (dont la mère fantasque, la grand-mère impayable avec ses amours incontrôlés en Ehpad, l’amant Adrien et ses grotesques déguisements) force est de reconnaître que cette "prétendue" odyssée familiale si elle est parfois émouvante -par son mélange de mélancolie et de fantaisie burlesque -, n’en est pas pour autant une « précieuse épopée des sentiments » (comme on a voulu nous la « vendre »)…..
Un film aussi tape-à-l'œil parfois que les vulves aux couleurs flashy peintes par Nathalie, la mère?
Un film aussi bancal et trébuchant que le chat de gouttière ? (Chat dont les dérapages intempestifs seraient censés scander la narration… ?)
A vous de juger !!
Colette Lallement-Duchoze