10 juin 2024 1 10 /06 /juin /2024 06:11

de Sol-hui Lee (Corée 2022)

 

avec Seo-Hyeong Kim, Jae-sung Yang, So-yo Ahn

Aide-soignante à domicile, Moon-Jung s’occupe avec bienveillance d'un vieil homme aveugle et de sa femme. Mais quand un accident brutal les sépare, tout accuse Moon-Jung. Elle se retrouve à devoir prendre une décision intenable

Greenhouse

",Les membres d'une famille peuvent ne pas se côtoyer, se rejeter, se haïr ou vouloir disparaître  je souhaitais explorer ces réalités troubles , qui existent bel et bien, même si elles vont à l'encontre de l'idée que l'on se fait de la famille"  "

 

 

Film misérabiliste ? Portrait d’une laissée pour-compte ? C’est du moins ce que suggérerait la première partie du film. Le spectateur est invité à suivre le quotidien humiliant de Moon-Jung  : plan fixe sur cette serre recouverte de bâches noires où elle « survit » , silence désapprobateur du fils auquel elle rend visite au centre de détention, gifles d’auto flagellation, apeurement  lors de  séances de thérapie de groupe, abnégation au service d’un couple âgé (lui aveugle et bienveillant, elle atteinte de démence sénile et méchante), visite à la mère hospitalisée insensible aux marques d’affection de sa fille, réification par l’amant aux exigences machistes. Tout cela accentué par la couleur terne des vêtements, la pâleur presque livide du visage, par la lenteur des gestes toujours recommencés, et par une forme de mutisme ou du moins d’une forme de captation de la voix (comme si elle ne lui appartenait pas ou plus)

Mais un « accident » tragique va faire basculer le tout…le film lui-même empruntant les voies du thriller Pour maquiller le réel que d’astuces mensongères ! que de décisions à prendre rapidement !  la femme bienveillante et résignée devenue « hors la loi » ?

Toujours prégnante la peinture sociale (dont les ravages de la maladie de la vieillesse de la cruauté et en filigrane la critique du pouvoir de son incurie dans la prise en charge des personnes âgées), s’inscrit dès lors dans une autre dramaturgie - et la scène finale serait en fait l’acmé irréversible d’une tragédie. Le cauchemar quotidien de « survie » s’est mué en enfer.

On pourra reprocher à la mise en perspective initiale d’être « redondante » ou « laborieuse », -malgré les effets spéculaires censés avertir le spectateur –mais on sera sensible à l’interprétation éblouissante de Kim Seo-hyung à la mise en scène hyper soignée et à cette tension millimétrée -à tel point que ce qui prêterait à sourire (cf les tâtonnements du vieillard aveugle persuadé de perdre la mémoire alors que la sensation tactile disait le vrai-) a le drapé de la tragédie 

 

A voir !

 

Colette Lallement-Duchoze

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