4 juin 2024 2 04 /06 /juin /2024 02:31

De Karim  Dridi 2023

 

avec Faddo Jullian,  jU,  Odette Simoneau, Lucas Viudez

Nina et Djoul, deux amies inséparables, sont expulsées de leur squat. Elles reprennent la route à bord de leur vieux camion avec une soif de liberté et une seule obsession : faire la teuf...

Fainéant.es

Nous sommes à l'intérieur d'un « panier à salade » ; voici  face à face deux visages à la beauté déroutante; puis la caméra se pose sur des mains qui bien qu’entravées, se cherchent s’étreignent … C'est le prologue.  Nina et Djoul,  une zonarde, une punk, sont embarquées après leur expulsion d'un squat…

En écho au final, la fête de l’amitié organisée en l’honneur de Gribouille -qui au seuil de la mort regarde enthousiaste la communauté de ses potes (punks, drogués) -, est sauvagement interrompue par l’intervention de la police, intervention musclée mais frappée d’inanité…du moins pour Nina et Djoul qui s'échappent  : à l’enfermement initial -provisoire-,  répondra le triomphe de la liberté  

 

Ne pas se fier au titre… Ces deux femmes qui de la Bretagne à Marseille sillonnent le pays à bord de leur camion plus ou moins déglingué, mais dont l’intérieur est une caverne d’Ali Baba- cherchent du travail à chaque « pause/escale »  et en acceptent la diversité. Il s’agit souvent de pratique solidaire et collective L‘adjectif substantivé  fainéant.es - à la graphie inclusive !!!-   est employé par tous ceux qui fustigent le mode de vie des vagabonds ….

 

A travers l’amitié de ces deux femmes, leur choix du vivre libre,  c’est le monde des « marginaux » (les sans dents, les punks à chiens, les sdf, les « damnés de la terre) que Karim Dridi rend « visible » sous forme de (faux ?) road movie, aux allures  de documentaire parfois.  Un hommage bouleversant d’une profonde humanité qu’accompagnent le leitmotiv musical (matériaux bruts, percussions rappelant la tôle du camion) et des chansons (dont Colette Magny) au son de l’accordéon.

On traverse les saisons comme on traverse les paysages. On fume on se drogue on baise on fréquente les bains douches municipaux on transpire d’humidité on fait les poubelles on se perd dans l’eau de la mer on assume seule une fausse couche  – des moments très violents traités sans « voyeurisme »-  MAIS surtout on sourit à la Vie (S’il vous plaît, pas l’Ehpad, je veux mourir vivante". disait au début, en Bretagne, cette vieille femme que Djoul et Nina avaient prise en charge) . Le film est traversé par le thème récurrent de l’entrave, imposée précisément par des diktats sociaux idéologiques dont les deux amies cherchent à se désaffilier, auxquels elles se soustraient dans leur lutte pour une survie … à la marge…

 

A un moment Nina préfère la compagnie d’un homme. Djoul part seule au volant du camion. Montage alterné et montage parallèle sur le devenir de chacune. Djoul retrouve momentanément les « siens » (le père une sœur) Nina après la rupture (ne jamais s’attacher) …marche avec son barda (on pense à Sans toit ni loi) puis ce sera la rencontre avec un jeune « marginal drogué» (à Marseille).

Épisode(s) parenthèse(s)…

 

Le minimalisme des dialogues (au franc parler impétueux le plus souvent) est compensé par cette sublime circulation des regards et par le jeu impressionnant de ces deux jeunes femmes au corps puissant, un corps que magnifie la chanson de Colette Magny « Les Tuileries»

Nous sommes deux drôles/ Aux larges épaules (ah les vertus du  vocabulaire  épicène !)

 

A ne pas rater !!!

 

Colette Lallement-Duchoze

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