22 février 2024 4 22 /02 /février /2024 06:51

Documentaire réalisé par Coline Grando (2022 Belgique France )

 

Nomination: 2024 Les Magritte du cinéma,  meilleur documentaire

Sélection 2023 Festival du cinéma social et ouvrier  Carmaux (France, département du Tarn)

Dans les années 70, les femmes de ménage de l’UCLouvain (Université Catholique de Louvain en Belgique) mettent leur patron à la porte et créent une coopérative appelée “Le Balai Libéré”. 50 ans plus tard, les travailleuses d’aujourd’hui rencontrent celles d’hier et tentent de comprendre comment cela a pu être possible et si cela sera envisageable à notre époque.

Le Balai libéré

Coline Grando -petite-fille de nettoyeuse et ancienne étudiante de l’Institut des Arts de diffusion (IAD) à Louvain-la-Neuve – a enquêté sur le mouvement d’autogestion « le balai libéré ».dont elle ignorait l'existence....

 Son documentaire met en rapport  femmes d’hier et d’aujourd’hui soit deux générations de nettoyeuses à l’UCLouvain (Louvain-la-Neuve), entre utopie autogestionnaire et tyrannie des appels d’offres; La lettre « audacieuse » adressée au patron « licencié » en 1975 sera lue deux fois d’abord par les ouvrières elles-mêmes (images d’archives) puis par Raymond Coumont, le syndicaliste de la CSC Brabant wallon qui accompagnait le mouvement il y a quarante-cinq ans et leur avait proposé l’idée d’autogestion (extraits nous découvrons que votre rôle principal a été de nous acheter notre force de travail à un prix négligeable pour la revendre à prix d’or à l’UCL….. Nous sommes au regret de vous signifier votre licenciement sur-le-champ pour motif grave contre vos ouvrières)

 

L’échange entre les travailleuses d’hier et celles d’aujourd’hui est sidérant  tant est amer le constat : les ouvrières d’hier étaient animées par la fougue exaltante mêlée à la fierté d’avoir pris en main leur outil de travail, de s’être organisées pour bénéficier de meilleurs salaires et de meilleures conditions de travail alors que 50 ans après s’imposent les problèmes de cadence, de « rationalisation » et de solitude (avec des conséquences désastreuses innommables et si je suis pris(e) d’un malaise ???)  Dégradation des conditions de travail et invisibilité du personnel -en 2022.....

 

Si le va-et-vient entre la réalité d’hier (l’autogestion a perduré 15 ans) et celle d’aujourd’hui (réticences dubitatives du personnel dépolitisé mais aussi du délégué syndical) assure le tempo, le documentaire fait alterner aussi les mini séquences où la caméra met l’accent sur la solitude (voyez cet homme astiquant salles, et sanitaires, cette femme harnachée de son aspirateur, cette autre préparant son matériel roulant, cette autre si minuscule dans l’immensité d’un amphi, et pendant la pause dans l’exiguïté d’un local avec une tasse pour seule compagne!)  et ces rencontres sous forme de tables rondes où chacun.e s’exprime en toute liberté tout en étant à l’écoute de l’autre.

 

Invisibles et solitaires que la chanson de Stromae va accompagner avant le générique de fin   Et si on célébrait ceux qui ne célèbrent pas Pour une fois, j'aimerais lever mon verre à ceux qui n'en ont pas/À ceux qui n'en ont pas Frotter, frotter Mieux vaut ne pas s'y Frotter, frotter Si tu n'me connais pas Brosser, brosser Tu pourras toujours te Brosser, brosser Si tu ne me respectes pas 

 

 

2022 une question brûlante « comment combattre le chacun pour soi » devenu inévitable, car il est méthodiquement organisé…Une réponse préparer " LA rencontre"

A la scène d’ouverture où chacun déclinant son identité, affirmait méconnaître la coopérative de nettoyage  « le balai libéré » répondra en écho au final cette séquence où filmées de dos ou de trois quarts les employées, dans une solidarité (re)conquise cheminent vers ….une nouvelle autogestion ??? (après tout il y a cinquante ans, les employées ne croyaient pas que virer son patron était possible, alors pourquoi pas nous ?)

 

 

Un documentaire qui exhume un épisode singulier -et méconnu- de l’histoire sociale belge !

Un documentaire « indispensable »

Un documentaire à ne pas rater ! (séances Omnia vendredi 18h15, dimanche 16h30, mardi 11h)

 

 

Colette Lallement-Duchoze

 

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