de Matteo Garrone (Italie 2023)
avec Seydou Sarr (Seydou) Moustapha Fall (Moussa) Issaka Sawadogo (Martin) Hichem Yacoubi (Ahmed) Doodou Sagna (Charlatan) Ndeye Khady Sy (Mère de Seydou)
Récompense Mostra de Venise :Lion d'argent du meilleur réalisateur et Prix Marcello Mastroianni du meilleur espoir pour Seydou Sarr
Argument: Seydou et Moussa, deux jeunes sénégalais de 16 ans, décident de quitter leur terre natale pour rejoindre l’Europe. Mais sur leur chemin les rêves et les espoirs d’une vie meilleure sont très vite anéantis par les dangers de ce périple. Leur seule arme dans cette odyssée restera leur humanité...
Adopter un point de vue différent de celui auquel les Européens sont habitués, suivre les migrants depuis leur pays d’origine et terminer leur douloureuse -pour ne pas dire tragique- odyssée au moment où ils arrivent sur les côtes italiennes, c’est ce que revendique Matteo Garrone.
Or le documentaire de la cinéaste belge Morgane Witz Teghadez Agadez TEGHADEZ AGADEZ - Le blog de cinexpressions, la fiction L’ordre des choses de Andrea Segre sur l’hypocrisie des politiques menées en Lybie L'ordre des choses - Le blog de cinexpressions ou encore la fiction Hope De Boris Lojkine, HOPE - Le blog de cinexpressions, pour ne citer que quelques films récents, prouveraient si besoin était que Moi capitaine n’est pas le premier film à renverser le point de vue européen en adoptant celui du migrant
En mêlant réalisme et onirisme, tendance documentaire et fiction, en esthétisant à tout prix (la longue traversée du désert, les choix de cadrages, la répartition des couleurs) en opposant la douceur du contexte familial (scène d’ouverture placée sous le signe de la fête et du partage au Sénégal) et la rudesse impitoyable du périple, la foi en des pouvoirs animistes et la violence dans les ghettos des passeurs sur le sol africain, en privilégiant l’humanité foncière du jeune Seydou (formidable Seydou Sarr) confronté à la barbarie (cf tortures et prisons en Lybie) Matteo Garrone, certes excellent « conteur »(cf Tale of tales, Dogman Dogman - Le blog de cinexpressions) évoquerait plus un rite de passage, une odyssée quasi mythique -voire épique- hérissée de toutes les horreurs.
Atmosphères nocturnes bleutées, plans aériens, chorégraphies savantes où l’être humain individualisé est comme un noir bâtonnet dans l’ocre infini du désert, corps calcinés ou desséchés, gros plans sur des visages tuméfiés, etc. la succession des tragédies ainsi traitée (esthétique esthétisante), dévitalise le propos initial, et dessert une démarche revendiquée haut et fort !
Dommage !
Colette Lallement-Duchoze