Documentaire réalisé par Marianne Lère Laffitte (2023)
Chapelle-Darblay est la dernière et unique usine à fabriquer du papier journal 100% recyclé en France. Fermée depuis septembre 2019 sur décision de son propriétaire finlandais, la papeterie centenaire est désormais menacée de démantèlement. À sa place, un site de production d'hydrogène est prévu. Alors que les 217 salariés, les "pap-chap", ont perdu leur emploi, trois délégués du personnel, deux ouvriers syndiqués et un cadre sans étiquette, toujours présents sur le site, se battent pour sauver la papeterie de la fermeture. Vont-ils réussir à sauver leur usine ?
Dès que je suis arrivée sur le site, j’ai vu un film : le lieu est très cinématographique et impressionnant. C’est le génie humain incarné dans ces machines. Et les trois personnages que j’avais devant moi formaient un attelage parfait. Même en écrivant une fiction je n’aurais pas pu faire mieux. »
Et de mai 2021 à juin 2022, elle va filmer au plus près à la fois les lieux -gros plans ou plans d’ensemble ou ralentis sur le monstre d’acier – et le combat mené essentiellement par trois hommes, Cyril et Julien, syndiqués CGT et Arnaud un cadre, trois hommes qui malgré une appellation/sobriquet (censée les rapprocher du western…) ont mis leur fougue leur enthousiasme leurs convictions dans un combat pour « sauver l’entreprise’ ».
(Foin de la brutalité et de la malfaisance à la Sergio Leone mais lutte pour l’équité) Après un rappel historique où se succèdent à un rythme rapide les photos témoins d’une activité prospère (l’ébullition en flagrante opposition avec le vide sidéral ambiant, un changement de format -cadre dans le cadre- alors qu’une voix mezzo interprète un chant -diatribe contre le libéralisme carnassier- ) nous allons pénétrer dans les « coulisses » de la « lutte sociale ».
En effet, le « trio » va empêcher la multinationale finlandaise UPM United Paper Mills (alors propriétaire de l’usine) de démanteler leur outil de travail, revendre les Pap Chap au groupe Samfi-Prapec, qui reprendrait éventuellement la moitié des employés licenciés. Le trio -aidé en cela par la métropole, (préemption)- est partisan de l’offre Veolia qui avec Fibre-excellence propose de racheter l’usine et de restaurer les 230 emplois originels.
Un bras de fer donc ! Une lutte menée par ceux qui auraient pu s’appeler « les 3 connards » comme le rappelle, facétieux, Cyril Briffaut mais qui n’ont rien « lâché » (tant sur le plan du droit, de la finance que sur le plan écologique) Un combat avec l’appui de la CGT, du collectif Plus jamais ça, des élus locaux, de toutes les personnes qui ont soutenu les Pap Chap. La réalisatrice suit les fluctuations dans leurs négociations avec minutie et empathie (il y aura quelques spectateurs réfractaires : l’attelage « cadre + syndiqués CGT » leur paraissant "suspect" - et pourtant Arnaud avait explicité son choix-, et critiquent vertement l’emphase ou l’optimisme béat de ce film; grand bien leur fasse !!!)
Des plans d’ensemble sur les ouvriers en liesse, un plan très rapproché sur une femme dont le visage laisse perler un(e) pleur, etc. attestent de la « victoire » (du jamais vu affirme Philippe Martinez alors secrétaire général de la CGT) Cf l’article Mediapart Rachetée, la papeterie de la Chapelle Darblay va reprendre le recyclage | Mediapart
Un film sur l’intelligence collective et sur la fraternité (Marianne Lère Laffitte)
Ce film va faire comprendre aux gens que la résignation n’est pas une solution. Lorsqu’un employeur décide de fermer un site, aujourd’hui, cette décision peut être remise en question, et plus seulement sur le thème des indemnités de départ Arnaud le "mec de droite"
Un film à ne pas rater !!…
Colette Lallement-Duchoze