d'Arnaud des Pallières (2023)
Avec Mélanie Thierry, Josiane Balasko, Marina Foïs, Carole Bouquet, Yolande Moreau, Dominique Frot, Elina Lowensöhn Solène Rigot, Miss Mong
Festival Deauville 2023 Sélection officielle Fenêtre sur le cinéma français
Argument: Paris 1894. Qui est Fanni qui prétend s'être laissée enfermer volontairement à l'Hôpital de la Salpêtrière? Cherchant sa mère parmi la multitude de femmes convaincues de "folie" elle découvre une réalité de l'asile tout autre que ce qu'elle imaginait ainsi que l'amitié inattendue de compagnes d'infortune. Le dernier grand bal de la Salpêtrière (dit "le bal des Folles") se prépare; politiques artistes mondains s'y presseront; dernier espoir d'échapper au piège qui se referme....
Si vous vous rappelez Adieu (2004) et son générique -un film à part entière, (atelier de montage d’un camion qui par métaphore devient le ventre de la baleine qui engloutira Jonas…) vous ne serez nullement surpris par la façon de filmer du cinéaste qui s’impose dès le début… Zooms et fragmentations. De très gros plans à l’intérieur d’une carriole sur des détails avant que n’apparaisse sanglée la nouvelle " pensionnaire"; et après le franchissement du " grillage" voici comme au ralenti un déshabillage, une fouille telle une défloraison (le titre du film vaut pour toutes ses dénotations et connotations) .Fanni la bourgeoise désormais captive d'un monde sans pitié ...
Une façon de filmer qui, par la démesure (le zoom) sublime l’intime…, de la peau surtout : voyez cette perle qui suinte d’un œil, ce duvet qui caresse la peau, cette denture d’outrages, ces doigts "énormes" qui cisèlent la dentelle, cette commissure des lèvres qui se rétracte ou s’affaisse. Mais aussi des plans très serrés -sur le groupe- caméra à l’épaule, plans qui se succèdent , (en alternance avec les premiers) dans le huis clos censé guérir la Folie (mais on ne naît pas folle on le devient au contact précisément de ceux qui prétendent prendre en charge les femmes soupçonnées d'hystérie …) La Salpêtrière ! où en cette fin du XIX° siècle des rebelles, des pauvres, des marginales étaient recluses, jusqu’à épuisement. C’est dans cet univers reconstitué que nous plonge le cinéaste (avec une prédilection pour le flamboiement les couleurs chaudes la lumière qui contrastent avec la noirceur des traitements infligés)
Un enchevêtrement de plusieurs « intrigues » incarnée chacune par une femme : Fanni (formidable Mélanie Thierry) est censée retrouver sa mère internée depuis plus de 20 ans (trame narrative principale), Bobotte l’intendante (impressionnante Josiane Balasko) doit recevoir une décoration lors du bal annuel dit « bal des folles » auquel assisteront politiques et autres représentants de la jet set, Hersilie Rouÿ (étonnante Carole Bouquet) internée d’office par ses frères, elle doit apprendre la quadrille aux « pensionnaires » et en même temps elle rédige ses « mémoires » ;et si l’on ajoute les « micro fictions» : la Douane qui terrorise (décidément Marina Foïs excelle dans tous les rôles) la prostituée (Dominique Frot) et ses imprécations, ses incantations, alors que Camomille (Yolande Moreau) s’épanouit dans et par le rêve… voilà au final un maillage dense et fluide à la fois, dans un film d’époque avec costumes certes, mais surtout très, très charnel et dont les thématiques (psychiatrie, violences faites aux femmes) sont d’une brûlante actualité
Avec toutefois le risque de l’enlisement !!!!….
Mention toute particulière à Mélanie Thierry
Un film que je vous recommande!
Colette Lallement-Duchoze
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