20 décembre 2023 3 20 /12 /décembre /2023 08:28

d'Alexander Payne (USA 2023)

 

avec Paul Giamatti (le professeur Hunham), Dominic Sessa (le pensionnaire Angus) Da'vine Joy Randolph (la cheffe cuisinière Mary Lamb)

Hiver 1970 : M. Hunham est professeur d’histoire ancienne dans un prestigieux lycée d’enseignement privé pour garçons de la Nouvelle-Angleterre. Pédant et bourru, il n’est apprécié ni de ses élèves ni de ses collègues. Alors que Noël approche, M. Hunham est prié de rester sur le campus pour surveiller la poignée de pensionnaires consignés sur place. Il n’en restera bientôt qu’un : Angus, un élève de première aussi doué qu’insubordonné. Trop récemment endeuillée par la mort de son fils au Vietnam, Mary, la cuisinière de l’établissement, préfère rester à l’écart des fêtes. Elle vient compléter ce trio improbable.

Winter break

Si ce film manque d’originalité et dans le fond et dans la forme, sa sortie à quelques semaines des congés scolaires et des fêtes de fin d’année peut faire « sens ». Ne serait-ce que par un étalage bien ficelé de bons sentiments, ne serait-ce que dans cette relation très positive qui se construit sous nos yeux, par un apprivoisement réciproque, relation entre un professeur pervers narcissique, un élève esseulé turbulent et une cuisinière plantureuse à l’écoute des cœurs meurtris. Et même si nous sommes en décembre 1970, que la guerre du Vietnam est présente, Noël est le prétexte à se focaliser sur la solitude, celle qui étreint trois figures du deuil (une paternité avortée pour le professeur, Paul Hunham, la perte d’un fils au Vietnam pour la cuisinière Mary Lamb et pour le pensionnaire Angus la perte symbolique d’un père qui de par sa maladie mentale a cessé d’embrasser le réel). Une solitude, un isolement si criant.es de vérité plus de 50 années après ! Car ce film aux allures de « conte » (et pourtant ancré dans le réel) est comme un viatique efficace, un garde-fou contre la dépression et la solitude …(le temps d’un break?… ) Les trois personnages (ces holdovers -titre original- ceux qui restent) sont attachants ( le prof, atrabilaire, pervers sadique s’humanise : il cède aux injonctions poignantes d’Angus, lors de l’escapade à Boston, il bat sa coulpe quand la mère écœurée par le comportement de son fils opterait pour un changement d’établissement)

Un film  conventionnel, académique, non dénué d’humour - or si certaines répliques ont la puissance de savoureux aphorismes , l'humour est souvent caricatural (le prof qui pontifie citant à tire-larigot Cicéron Marc-Aurèle, le prof qui siffle l’air des Walkyries lors de la remise de copies pour humilier ces « gosses de riches » qu’il « conchie », le prof addict à l’alcool). Un film non dénué de symboles aussi (mais force est de constater  que celui lié à l’œil de verre est bien trop appuyé)

Cela étant, les fans d’Alexander Payne et d’autres cinéphiles seront sensibles à cette façon de « raviver » une période, une ambiance celle de la Nouvelle Angleterre des années 70 (la mise en scène est souvent éblouissante, même si le cinéaste use et abuse de surimpressions) et ce faisant de rendre hommage au cinéma des seventies  (cf le grain à la fois visuel et sonore, le naturalisme de l’époque)

 

A vous de juger !

 

 

Colette Lallement-Duchoze

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