12 décembre 2023 2 12 /12 /décembre /2023 06:46

de Denys Arcant (Canada 2023)

 

avec Rémy Girard, Sophie Lorain, Guylaine Tremblay 

Argument Dans une ère d’évolution identitaire, Jean-Michel Bouchard, un célibataire de 70 ans, a perdu tous ses repères dans cette société. Il habite dans une maison de retraite située dans un édifice patrimonial, dirigée avec soin et précision par Suzanne Francoeur. Leur quiétude est bousculée par l’arrivée de jeunes activistes qui exigent la destruction d’une fresque historique. Dépassé par une époque dominée par la rectitude politique, Jean-Michel retrouvera foi en l’humanité avec la naissance d’un amour inattendu...

Testament

 On ne gouverne pas avec la réalité, mais avec les apparences (la ministre à Suzanne)

 

De temps en temps, poser un geste gratuit de bonté, c’est ce qui rend la vie supportable. (Jean-Michel Bouchard à Suzanne)

L’heure du bilan a sonné comme dans les invasions barbares (même acteur Rémy Girard, même regard introspectif) hormis que dans testament le personnage, septuagénaire a toujours été célibataire…De plus en mettant en scène l’idéologie « woke » en se moquant -apparemment- d’un certain militantisme - l’environnement, l’identité de genre, l’inclusion des diversités culturelles-  le film de Denys Arcand aura forcément ses contempteurs….Mais maquiller son désenchantement sous de pseudo-arguments « objectifs » dits techniques n’est-ce pas faire fi de la force explosive de la satire et de la caricature?. Dérives de la période Covid, fluctuations ridicules dans l’approche et l’appréciation de l’art, sensationnalisme éhonté des médias, irresponsabilité des septuagénaires, bouffonnerie des « boomers » manifestants, sportifs compulsifs, etc. ….tous les excès, toutes les dérives sont passé.es au  crible voire au  rouleau compresseur

Testament, un film tonique ! Non seulement parce que la trame narrative et dramatique dynamise un cheminement qui va de la résignation forcée et mélancolique à une forme de « renaissance » (le titre ne doit pas être pris au sens littéral et Jean-Michel Bouchard n’avoue-t-il pas se sentir de nouveau « ado » ?) mais parce que le metteur en scène octogénaire se plaît avec une vivacité, une sagacité - jamais démentie depuis le déclin de l’empire américain-1986 -  à ausculter radiographier une société qu’il « met en boîte » (et ce dans tous les sens) L’humour est certes  un peu désabusé : ce dont témoigne la scène d’ouverture où un pianiste d’un autre temps, et d’un âge certain s’en vient distraire « péniblement » quelques résidents retournés en enfance, scène qui sera reprise en écho vers la fin, ce dont témoigne aussi la conscience aiguë qu’a Jean-Michel de l’effritement d’une culture,- dont le passage de l’écrit au numérique, à l’instar du passage de l’oral (culture amérindienne) à l’écrit ???

Jean-Michel Bouchard fut archiviste. Un tel choix -est-il besoin d’insister -est en harmonie avec ces strates du passé individuel et collectif que l’on exhume et dont l’immense tableau qui « accueille » résidents visiteurs de ce centre du troisième âge, serait l’allégorie ; un tableau objet de tous les ressentiments des défenseurs des cultures premières (les Occidentaux prédateurs usurpateurs sont représentés en grand apparat alors que les mohawks les autochtones spoliés de leurs biens sont nus, visages haineux, femmes dépoitraillées,! Un tableau qui pue le racisme ! un tableau qui sans vergogne met en scène le prélude à l’extermination !

Qu’à cela ne tienne. Jean-Michel va jouer sa partition. Dans un premier temps il entraîne le spectateur dans les méandres de sa pensée (voix off) et de son quotidien, celui d’un solitaire. Solitude que comble une fois par semaine la présence d’une jeune femme payée pour écouter, et poser une main vigilante sur son épaule…Puis face à l’incurie des différents ministres, à leur volte-face, au licenciement de Suzanne la directrice de l’établissement, inapte à gérer  l’ingérable… il va apporter son soutien 

Le plan final -pied de nez à la scène du cimetière?- plan où le  " couple"  vu de dos marche avec le bébé (petit-fils de la directrice) sur le tapis de feuilles « mortes » dans le cadre qui flamboie des couleurs automnales, fête les épousailles entre l’automne de la vie et la (re)naissance; .dans la luxuriance  de l'embrasement !!!

 

Colette Lallement-Duchoze

 

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