24 décembre 2023 7 24 /12 /décembre /2023 06:09

de Celine Song (USA 2023 )

 

avec Greta Lee (Nora adulte) , Yoo Tea (Hae Sung adulte) , John Magaro (Arthur) Moon Seung-ah (Nora enfant)   Seung Min Yim (Hae Sung enfant) 

 

Présenté au Festival Sundance 2023 et à la Berlinale en compétition

Prix : meilleur premier film au New York Film Critics Circle Awards, meilleur film aux Gotham Awards

 Nominations aux Golden Globes (dont meilleure actrice pour   Greta Lee)

Synopsis: A 12 ans, Nora et Hae Sung sont amis d’enfance, amoureux platoniques. Les circonstances les séparent. A 20 ans, le hasard les reconnecte, pour un temps. A 30 ans, ils se retrouvent, adultes, confrontés à ce qu’ils auraient pu être, et à ce qu’ils pourraient devenir.

Past lives  - nos vies d'avant

La scène d’ouverture est surprenante : dans l’atmosphère feutrée d’un bar new-yorkais voici attablés face au public, trois personnages dont deux Asiatiques; on entend une (ou 2) voix off qui questionne(nt) à partir de ce que suggèrent les sourires les regards et les silences, et ce questionnement pourrait être le nôtre qui sont-ils ? deux touristes et un guide ? un frère une sœur un ami ?-un trio amoureux ? Première réponse : 24 ans plus tôt en  Corée …Le flashback va ainsi structurer le film en trois mouvements rétrospectifs à partir de cet « épisode » « augural », (cf le synopsis).

 

Un film salué par la critique dans l’unanimité du dithyrambe Osons quelques bémols

 

Pour cette romance si empreinte de mélancolie (celle du "bonheur d’être triste"??)  et magistralement interprétée (jeu tout en nuances de Yoo Tea) , la mise en scène serait fluide  Une fluidité hélas souvent entachée d’affectation… Ne serait-ce que dans cette recherche quasi systématique des contre-jours, dans le recours au floutage, aux travellings et aux gros plans fixes et longs (visages, mains qui se frôlent sans se toucher). Ne serait-ce aussi que dans une forme de symbolisme qui, trop appuyé, perd en force suggestive (ainsi des mouvements de va-et-vient de ces bateaux touristiques qu’accentuerait le bouillonnement de l’eau, de ces hublots dans le métro, cadres dans le cadre, ainsi de ce plan -qui s’impose au flux mémoriel – une bifurcation qui sépare spatialement les deux enfants, prélude à deux itinéraires, le chemin plat et les escaliers,   etc…) Quant à la façon de filmer les deux mégapoles -et surtout New-York- on a souvent la fâcheuse impression d’être comme immergé dans les décors d'une immense carte postale. Et pourtant la ville n’est pas qu’une « toile de fond », car pour isoler -symboliquement le duo  amoureux ,  la réalisatrice sait déceler de furtives encoches dans le lustré et le satiné tels les marqueurs de leurs pérégrinations

 

Dialogues subtils ? Hormis ceux qui insistent sur la force d’un fatum et ses (faux)  sortilèges,  sur les « vertus » et la puissance du « inyeon » -à l’insu ou non d’Arthur - ils pêchent souvent par la récurrence du constat "c’est compliqué"  :conclusion hâtive comme pour couper court à l’énigme (insoluble?)  d’une attirance magnétique, comme pour se contenter d’une esquisse là où on était en droit d’attendre tout autre chose (du moins telle semblait être la démarche de la réalisatrice)

 

Si les deux grands antagonistes à la « romance » sont le temps et le Pacifique - le dernier travelling latéral très lent et l’effondrement de Nora dans les bras d’Arthur après le départ de Hae Sung sont impressionnants et ne donneraient-ils pas  in fine la réponse à la question qui taraude Hae-Sung ? Si tu n'avais pas quitté Séoul, est-ce que je t'aurais cherchée

 

La scène inaugurale, prélude à nos vies d’après  ?

 

 

Colette Lallement-Duchoze

Partager cet article
Repost0

commentaires

Mode d'emploi

Ce blog est destiné à collecter nos ressentis de spectateurs, à partager nos impressions sur les films (surtout ceux classés Art et Essai).

Envoyez vos articles ou vos réactions à: artessai-rouen@orange.fr.

Retrouvez aussi Cinexpressions sur Facebook

 

 

Recherche