17 novembre 2023 5 17 /11 /novembre /2023 10:46

documentaire de Barbet Schroeder (Suisse 2023)

 

avec Ricardo Cavallo

 

Festival de Locarno Hors Compétition

Argument: Barbet Schroeder dresse le portrait de son ami Ricardo Cavallo, qui consacre sa vie à la peinture. De Buenos Aires jusqu’au Finistère, en passant par Paris, ce film est une invitation à plonger dans l'histoire de la peinture, mais aussi à découvrir la vie de cet homme qui, avec simplicité et humilité, s’est toujours engagé entièrement, jusqu'à transmettre sa passion aux enfants de son village.

Ricardo et la peinture

C’est une histoire de regards (avec ces jeux de miroirs quand à l’écran surgit un paysage familier et qu’au plan suivant vous le voyez transfiguré par la palette du coloriste; ou quand Ricardo commente de son œil exercé une toile de Velasquez) ; c’est une histoire d’amitié (à plusieurs reprises filmés de dos le cinéaste et le peintre -qui se connaissent depuis 40 ans- marchent côte à côte, arpentant les allées du Louvre par exemple, enserrés par ce bras protecteur qui se pose délicatement, ils sont comme en osmose ! « Attends, on va réfléchir ensemble . C’est une histoire de « transmission » (non seulement le spectateur sera à l'écoute du (des)  discours de Ricardo sur la peinture, sur sa « dette » envers ses Maîtres -Caravage Velasquez, Raphaël Goya mais nous le voyons dispenser gratuitement des cours à des enfants de l’école Blei Mor La peinture, le dessin, c'est une arme pour avancer dans la vie .

 

Séquence d’ouverture : harnaché de son matériel de peintre -dont la  palette, le chevalet- Ricardo descend pour ne pas dire dévale allègrement jusqu’à cette grotte, et son gabbro …En écho, au final,  le même, les mêmes lieux – la Baie de Morlaix et plus précisément les rochers de Saint Jean du Doigt -où il a élu domicile (après avoir fui Paris dont nous verrons son mini atelier, une chambre de bonne au 7ème étage sans ascenseur où il dormait à même le sol)

Une vie érémitique (ne manger que du riz et des oranges, dormir toujours la fenêtre ouverte) qui n’est pas sans rappeler -quand il pénètre dans la grotte- les trois étapes du mythe de la caverne de Platon -illusion à l’intérieur, révélation du Vrai à la sortie et transmission

 

Faire un film sur la peinture, est une sacrée gageure  (B Schroeder) qu’à cela ne tienne rétorque-ra le peintre!  car l’essentiel est moins ce que je raconte, que le tableau final. Et n’y aurait-il pas des similitudes entre une toile composée de ces petits carrés — soigneusement numérotés et rangés – et ces plans qui au montage vont participer à la construction d’un film ; avec les mêmes questionnements sur le « rendu , les mêmes refus d’une œuvre imparfaite, les mêmes hésitations . J’appelle mes tableaux des « compositions » car tous ces éléments qui coexistent dans un circuit fermé demandent une résolution d’ordre « symphonique »

 

Voyage dans le temps (les portraits du Fayoum qui nous regardent, comme tous les disparus ; la grotte  Chauvet telle une passerelle ) Voyage dans l’espace (de Buenos Aires au Finistère en passant par le Pérou et Paris) ce film est dédié au galeriste Karl Flinker. C’est lui qui a « découvert » et fait connaître l’œuvre du peintre d’origine argentine et permis à Barbet Schroeder d’entrer en contact avec lui

 

Ricardo et la peinture : une œuvre « magistrale » comme ces toiles immenses de 10m de long qui se fondent en le transformant dans le paysage ? Non et on peut même déplorer une certaine complaisance (cf la longue séquence avec le collectionneur avocat et vigneron Philippe Pech de Laclause, ou avec le galeriste Pierre Astier)

 

Mais la sincérité du réalisateur et  son admiration pour le peintre irriguent le documentaire et font du portrait de Ricardo une œuvre tout à la fois émouvante de simplicité et dense dans sa beauté existentielle

 

 

Colette Lallement-Duchoze

 

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