Documentaire réalisé par Ana Sofia Fonseca (Portugal 2022)
SÉLECTIONS OFFICIELLES FESTIVALS 2023
Soeurs Jumelles à Rochefort • Cinespaña à Toulouse • Festival International du film de La Roche-sur-Yon • Effervescence à Macon • Prix du Public Festival 2 Cinéma de Valenciennes 2023 • Prix du Public Festival IndieLisb
Argument: Cesária Évora chante son titre Sodade en 1992, la faisant reconnaître internationalement à 51 ans. Longtemps simple chanteuse de bar au Cap-Vert, la légende que l’on connaît n’a pas toujours connu la gloire sinon la pauvreté. Femme profondément libre, généreuse et bien entourée, la “Diva aux pieds nus” a su finalement faire briller sa musique à travers le monde tout en restant fidèle à son Cap-Vert, la consacrant reine de la Morna et reine des cœurs.
Une des forces majeures de ce documentaire de facture assez classique mais très riche d’images d’archives inédites, est de transformer le portrait de la « diva » en un dispositif polyphonique. Il y a bien évidemment la voix de Césaria -sur scène, dans l’intimité avec ses proches, dans les coulisses, face à sa dépression et à sa dépendance à l’alcool, face aux forces vives capverdiennes qui l’ont façonnée, et dans son combat de « femme libre » - Mais aussi celle de son mentor et producteur José da Silva qui en 1980 n’était que cheminot et qui a misé sur elle, celle de sa petite fille Janete -à laquelle elle consacra Esperança Irisada ; leurs voix nous parviennent quand ils rassemblent leurs souvenirs SANS QU’ils apparaissent à l’écran au moment de l’interview alors qu’ils peuvent apparaître au moment des faits.
Un tel dispositif s’inscrit dans cette volonté de ne pas dévier de la « trame » que la documentariste portugaise (elle a vécu au Cap-Vert et notamment du côté de Sao Vicente cette île de l’archipel d’où est originaire Césaria Evora) s’est imposée : mettre en évidence un parcours hors du commun, tout en privilégiant l’intimité du personnage; ne pas ternir un documentaire essentiellement « musical » par des afféteries ou des lourdeurs. Celles qui souvent au montage des archives et des témoignages divers "encombrent" le "propos", précisément…et paradoxalement....par souci d'authenticité.
La documentariste Ana Sofia Fonseca a pu non sans difficultés se procurer une abondante quantité d’images inédites, -dont des archives photo comme vidéo confiées par des proches, (cf le dépliant à la disposition du public dans le hall de l’Omnia) ; abondance qu’elle va exploiter au service de thèmes dits universels (liberté), du contexte politique et social (le passé douloureux du Cap-Vert colonie portugaise ; les inégalités raciale et de genre ) et incarnés par une femme hors du commun dont la gloire tardive (à plus de 50 ans) n’aura pas entaché la prégnance des origines et la puissance féministe.
On l’aura compris ce documentaire (souvent touffu et tout fou) va au-delà du « simple hommage » à la « diva aux pieds nus » Nous aurons pénétré la psyché d'une personnalité complexe, passionnée et passionnante, aurons milité aux côtés d'une femme dans son combat pour l’émancipation et la liberté
Et voici que retentit par-delà les effluves, par-delà les langueurs océanes :
Sodade
Quem mostro’b /Ess caminho longe/ Quem mostro’b/ Ess caminho longe?/ Ess caminho Pa São Tomé
Sodade sodade sodade/ Dess nha terra d’São Nicolau
Qui t’a montré/ Ce long chemin / Qui t’a montré / Ce long chemin / Ce chemin pour São Tomé?
Sodade Sodade Sodade De ma terre de São Nicolau
Colette Lallement-Duchoze