de Vasilis Katsoupis (Grèce G-B 2023)
avec Willem Dafoe (Nemo) Gene Bervoets (le propriétaire du penthouse) Eliza Stuyck (Jasmine)
Présenté en avant-première à la Berlinale 2023 en compétition pour le prix Panorama
Argument: Nemo, cambrioleur chevronné, se retrouve piégé dans un luxueux appartement new-yorkais, essentiellement décoré d'œuvres d'art. Il va devoir faire preuve de créativité et de ténacité pour survivre et tenter de s'échapper
Après la séquence d’ouverture consacrée au braquage, le film va bifurquer vers l’intérieur (on pourra jouer , gloser sur la polysémie de ce terme) et se transformer en manuel de survie …Survie dans un contexte très particulier d’opulence et de gigantisme, celui d’un appartement à New-York, avec piscine, serre, aquarium, aux murs tapissés d’œuvres d’art pour collectionneur multimilliardaire, appartement habité deux jours par an par son propriétaire !
Robinson des temps modernes, Nemo pris au piège -suite à l’activation automatique d’un système de sécurité non neutralisé-, tente -dans un premier temps- de « sortir ». En vain ! impossible d’ouvrir la porte blindée, de casser les vitres, de communiquer avec l’extérieur. Survivre ? eau infecte, provisions limitées. La froideur des lieux va contraster avec la température avoisinant les 40°…Nemo en brisant l’alarme a allumé le chauffage… Son corps dégouline de sueur sa bouche, filmée en très gros plan grapille quelques glaçons dans le freezer ; mais la clim réversible peut afficher des températures « polaires » et le corps se recroqueville, s’emmitoufle dans des plaids luxueux
Ne pas succomber …. Moments d’angoisse extrême et d’abattement alternent avec instants d’espoir (découverte d’astuces salvatrices)
Nemo sera l’écorché d’Egon Schiele. Sa merde deviendra « installation ».... Et après avoir tout bousillé, après avoir épuisé les réserves de survie, il sera lui-même « créateur » (œil cercles concentriques) tout en récitant du William Blake. Folie destructrice, folie créatrice ?
L’autoportrait d’Egon Schiele était introuvable au moment du braquage. A l'écran, sous nos yeux , s’est progressivement construit un autre portrait (où les traits burinés de l’acteur rappellent étrangement les cordes de la douleur » et les lignes de torsion des corps dessinés ou peints par l'artiste viennois)
C’est à coup sûr l’intérêt majeur de ce film. Bien plus (à mon humble avis) que l’utilité de l’art quand il est censé accompagner le « confiné » (allusion explicite à ce que nous avons vécu !) Les chats meurent, la musique s'éteint, mais l'art, c'est pour toujours", ou son inanité (collection particulière aux prétentions muséales) ou encore son mariage éhonté avec la toute-puissance de l’argent
Que ce huis clos soit (vite) lassant pour certains spectateurs., je le conçois aisément. Non que la prestation de Willem Dafoe soit incriminée (sa performance est impressionnante et il est « impayable » quand il danse la Macarena !!!) Mais difficile d’éviter certains « pièges » (symbolisme facile du pigeon mort, fausses échappées oniriques, jeux de miroir inversé avec les personnages de l’immeuble vus sur l’écran), et de « tourner en rond »
A l’intérieur n’en reste pas moins un film que je vous recommande
Colette Lallement-Duchoze