Du collectif Art Vif (2022)
Laurent Brard (scénario réalisation montage)
Acteurs: Mohamed LARADJI , Martin LEGROS, Mohamed MIS, Myriam LOTTON, Auxane TERTRAIS, Agnès Mane Françoise Chichery, Edouard Belleville
Prix du meilleur acteur au Festival International IndepenTARN 2023 pour Martin Legros
Présenté dans le cadre du festival Terres de Paroles dimanche 8 octobre 2023 à l'Omnia en présence de membres du Collectif ArtVif
Synopsis : Tom va sortir de prison. Au quartier, le trafic et sa réputation de petit caïd l’attendent. Rien ne semble pouvoir le détourner d’un avenir de délinquant tout tracé. Mais une rencontre inespérée va élargir son regard et, peu à peu, lui permettre d’orienter son destin dans une autre direction. Avec Tom, autour d’un jardin partagé, c’est l’image du quartier tout entier qui va changer…
De gros plans sur une parcelle de terre que la bêche retourne, que le râteau racle, que des mains triturent. Qui regarde ? C’est un groupe d’ex taulards, Tom en particulier qui d’emblée va associer la culture de la terre à une apparition -il a été ébloui par M Jourdain (Auxane Tertrais). C’est la scène d’ouverture ! (lui fera écho la scène finale)
Un projet pour ne pas retourner en prison ? Il est là à portée de main, à portée de regard au pied de la Cité Mais il exige une lente maturation (rumination) faite de silences, d’attentes, d’observations (ainsi quand l’unique plant de tomate risque d’être piétiné et que Tom le surveille de l’appartement où il "vit" avec sa mère !!) Ce qui motive la lenteur – ou du moins les effets de lenteur- dans la première partie du film. Tom sera « métamorphosé » au grand étonnement du caïd du quartier T’es chelou depuis que t’es sorti du placard
Il est de tous les plans (silhouetté ou le visage filmé en gros plan, seul ou avec ses potes, avec sa mère, à Pôle Emploi, avec les voisins) l’esprit ailleurs, le visage fermé, presque mutique, (rares seront les moments où ce visage s’éclaire de sourires ; lors de son "élection" à main levée par exemple, comme "président" , une nomination purement formelle tant règne l’esprit de groupe (à l’instar du collectif Art Vif). Martin Legros, l’interprète, a d’ailleurs reçu le Prix du meilleur acteur au Festival International IndepenTARN 2023
La récurrence des plans en plongée sur le quartier de la Guérinière à Caen, ou en contre plongée sur les façades des immeubles, ancre la "fiction" dans le réel, qui ainsi l’apparenterait à une docu-fiction? Aidé par ses potes d’abord réticents et les voisins il concrétise le projet : jardin potager, jardin partagé. Ambiance festive, tout cela salué d’ailleurs par la "responsable" qui plaidera sa cause auprès du juge !
Le film -empreint d’humour dans les dialogues et certaines situations- mêle réalisme et poésie. Un trio de musiciens, un homme rhapsode des temps modernes nouvel héraut de la communauté, côtoient une réalité plus sordide où les caïds se disputent le territoire dans leur trafic de drogue, où la police est constamment à l’affût d’une incartade (comme si elle la souhaitait) avant d’intervenir manu militari ! (cf la descente dans l’appartement où l’étonnante placidité de la mère s’oppose à la violence déraisonnable de la « police »)
Le quartier la Guérinière n’est pas un ghetto ce dont témoignent les lignes de fuite comme autant d’échappées ou tout simplement une ouverture vers des possibles, qui métaphorise la "sortie" de Tom de son enfermement -celui lié à ses anciens démons,- avant la "sortie" définitive du "milieu" (cf séquence finale).
Yolo, (acronyme anglais pour signifier qu’on ne vit qu’une fois, « You only live once ») a été "réalisé grâce à l’implication bénévole de toute l’équipe de tournage et de post-production ; tourné en 13 jours au sein d’un quartier emblématique de la ville de Caen (La Guérinière), en associant des acteurs venus de tous horizons, ainsi que des habitants"
Yolo, une ode à la « graine de vie » (dans ses sens propre et figuré)
Yolo un hymne à la solidarité,
Yolo un film à ne pas rater !!
Colette Lallement-Duchoze