Documentaire réalisé par Claire Simon (2022)
- 2023 • Festival international du film de Berlin - Berlinale • Berlin (Allemagne) • Forum - Première mondiale
- 2023 • Cinéma du réel • Paris (France) • Séances spéciales
En 2021 la cinéaste s'est rendue à l'hôpital Tenon à Paris dans un service qui regroupe toutes les branches de la gynécologie : IVG, endométriose, PMA, maternité, transition de genre, cancer
"J’ai eu l’occasion de filmer à l’hôpital l’épopée des corps féminins, dans leur diversité, leur singularité, leur beauté tout au long des étapes sur le chemin de la vie. Un parcours de désirs, de peurs, de luttes et d’histoires uniques que chacune est seule à éprouver. Un jour j’ai dû passer devant la caméra."
Qu'elles soient jeunes, trentenaires ou septuagénaires, françaises, d’origine espagnole ou sénégalaise, qu'elles soient en consultation ou au bloc opératoire, qu’elles accouchent, souffrent d’endométriose, subissent une ablation du sein ou de l’utérus, qu’elles soient en séance de chimiothérapie. Claire Simon les réunit en un seul grand Corps celui des désirs, des espoirs avortés, des peurs, des luttes car dans l’infinie variété des situations surgit une même souffrance ou une même joie, ce dont rend compte l’adjectif possessif « notre » (corps) adjectif qui les « réunit » dans la même « épopée des corps féminins »; épopée qui saura sinon décrire du moins évoquer la singularité de chaque histoire particulière ; épopée à laquelle participera d’ailleurs Claire Simon en tant que …. « patiente ». La construction « circulaire » en témoigne aisément : dès le prologue hors les murs voici la cinéaste qui chemine (en passant devant le Père Lachaise) avant de pénétrer dans l’immense bâtisse ; en écho à la fin la même -après mammectomie et chimio- quittera à vélo l’hôpital….
Spectateurs, nous aurons assisté tels des complices ou des confidents à leurs consultations, leurs interventions au bloc opératoire, leurs accouchements, à l’accueil d’embryons…Nous aurons « vécu » en empathie, tant le documentaire est à la fois réaliste et bouleversant !
Oui, la mise à nu dans cette révélation du plus intime, filmée au plus près par un mélange de pudeur (gros plans sur une perruque ou une main vigilante aimante qui suggèrent le drame ou la tragédie) et de réalisme cru (écrans grossissants sur des organes) la qualité d’écoute (du personnel soignant) d’une parole comme « libérée » (celle de la « patiente » « celle qui souffre » étymologie) , la parole « scientifique » toujours « vulgarisée », tout cela fait que le documentaire « notre corps » est une fresque à la fois somptueuse organique viscérale, qui célèbre la Vie, une Vie que des obstacles insurmontables peuvent ternir ou définitivement endeuiller….
Un médecin « guide » un confrère lors d’une opération : « ne dissèque pas coupe » : une méticulosité « analogue » ne préside-t-elle pas à l’art du « montage » au cinéma ?
Un documentaire à ne pas rater !!!
Colette Lallement-Duchoze