Film d'animation de Chiara Malta et Sébastien Laudenbach (2023)
avec les voix de Mélinée Leclerc (Linda) Clotilde Hesme (Paulette la mère) Laetitia Deutsch (Astrid la sœur de Paulette) Estéban (Serge l’agent de police débutant) Claudine Acs (mémé) Patrick Pineau (Jean-Michel le chauffeur du camion)
Festival international du film d'animation d'Annecy 2023 : Cristal du long métrage et Prix Fondation Gan à la diffusion
Présenté au festival Cannes 2023 ACID (association du cinéma indépendant pour sa diffusion)
Avant-première lundi 2 octobre
sortie en salles le 18 octobre
Non, ce n’est pas Linda qui a pris la bague de sa mère Paulette ! Cette punition est parfaitement injuste !… Et maintenant Paulette ferait tout pour se faire pardonner, même un poulet aux poivrons, elle qui ne sait pas cuisiner. Mais comment trouver un poulet un jour de grève générale ?… De poulailler en camion de pastèques, de flicaille zélée en routier allergique, de mémé en inondation, Paulette et sa fille partiront en quête du poulet, entraînant toute la « bande à Linda » et finalement tout.le quartier. Mais Linda ne sait pas que ce poulet, jadis si bien cuisiné par son père, est la clef de son souvenir perdu… Au fait, quelqu’un sait tuer un poulet ?
Dès le prologue -alors que nous voyons LInda encore "bébé" - une voix off introduit le thème du cheminement mémoriel.(à partir de sensations gustatives...)
Gamine, Linda veut "porter" la bague verte de sa mère ( cadeau précieux offert par le mari disparu) !! Accusée de vol, puis innocentée ! (ah le chat matois!!). elle demande à Paulette d'exaucer son vœu "manger un poulet aux poivrons" Et c'est le tout début d'une folle expédition, Or tous les commerces sont fermés en ce jour de grève !!! Que faire? La ruse de la mère, l'aide de tous les amis de Linda seront d'un précieux secours !!!
Prétexte et motif, ce "poulet aux poivrons" entraîne ainsi tous les personnages (famille, quartier de la cité , police) dans une course qui au final sera libératrice et salvatrice : car par-delà la « capture » d’un poulet vivant, ce sont des forces vives, celles qui remontent à la petite enfance (celle-là même que les préados, dont Linda, ne peuvent se rappeler)
Les deux co-scénaristes vont exploiter toutes les ressources graphiques, pour mener à bien ce « projet ». Une liberté d’expression qui d’emblée se manifeste dans cette volonté d’identifier chaque personnage par une couleur : -jaune pour Linda, orange pour Paulette, rose pour Astrid, vert pour Carmen, rouge pour Afia, -soit afficher en la revendiquant la diversité; alors que le bleu pour les policiers, et le violet pour la mamie semblent correspondre à un statut. Toutes ces couleurs se mélangent sur un arbre (l'Arbre de la Vie ?) quand le jeune agent assis sur une branche attend … penaud.... déconfit par la tournure que prennent les événements!
Et ces mêmes personnages seront dessinés différemment selon la distance et les échelles : vus de près voici des dessins en ligne noire, trait ouvert et la couleur spécifique ; vus de loin ils sont réduits à des « icônes » colorées telles des gommettes !!
Les décors ? Réalisés par la plasticienne Margaux Duseigneur, ils frappent par l’alternance entre stylisation (façades immeubles, route) et épaisseur picturale (tels des aplats aux couleurs flashy et/ou pastels). Toujours évocateurs -entendons qu’ils suggèrent plus qu’ils ne décrivent!!!
Le rythme soutenu est parfois proche de la cavalcade, une danse de la vie- (les enfants sont toujours bondissants, tant éclate leur « appétit » de vivre, appétence et nourritures terrestres !)
Omniprésent, l'humour n'est jamais corrosif: ni dans les répliques savoureuses ni même dans les « critiques » - en fait de simples égratignures « bon enfant ». Ainsi l’agent de police débutant -auquel Estéban prête sa voix ou personnage construit à partir de sa voix ? - plus niais que méchant-, applique à la lettre un règlement absurde ; les participants au cours de yoga obéissent sans sourciller à leur « professeur » même quand celle-ci enfreint les règles qu’elle impose ! la fuite d’eau et ses corollaires, l’énorme chat autant débonnaire que matois –(le chemin parcouru par la bague …) A cela s'ajoutent des « jeux » "de miroirs" ou de "correspondances" :scène à l’école où la maitresse donne un cours sur la Révolution française et annonce la grève du lendemain, comme un continuum historique; les revendications des enfants « on a faim " en écho à celles des adultes manifestants "du pognon" !! (une insoumission qui n'a rien de révolutionnaire!!)
Linda veut du poulet entraîne le public dans un univers drôle et pétillant qui se prête à une lecture plurielle
Colette Lallement-Duchoze
Et avant sa sortie en salles le 18 octobre, découvrez en accès libre ce court-métrage de 21’ réalisé en 2020 par le même duo