Documentaire réalisé par Lea Clermont-Dion et Guylaine Maroist (Canada 2022 )
Sur deux continents, quatre femmes sont victimes de cyberviolences extrêmes : Marion Séclin, comédienne et YouTubeuse française, Laura Boldrini, présidente du parlement italien, Kiah Morris, représentante démocrate américaine, et Laurence Gratton, jeune enseignante québécoise. Abandonnées par les forces de l'ordre, la classe politique et les géants du Web qui engrangent des milliards avec la haine, elles décident de se battre et de ne plus se taire.
"Saluer" un programme (constat décryptage d'un "terrorisme misogyne" ) , entendre la sonnette d’alarme,! Oui Mais force est de reconnaître que ce documentaire "salutaire" dans ses dénonciations, est desservi par une "forme" d’un classicisme souvent indigeste : montage alterné, femmes filmées souvent en frontal témoignant face à la caméra, musique angoissante quand elle n’est pas trop illustrative ; superposition d’une voix off explicative aux voix des 4 femmes filmées dans leur contexte social politique ou plus intime ; très gros plans sur les « messages » d’injures, d’obscénités misogynes, de menaces de viol, de mort, censés authentifier et scander le récit
Un dispositif qui nuit aussi à la parole de ce père, Glen Canning dont le long témoignage perd en force persuasive (sa fille unique droguée abusée, filmée, seule face au raz de marée « sale pute », se suicide ). Meurtri et ne comprenant pas pourquoi la " justice canadienne a failli" il consacre désormais sa vie à l’éducation des jeunes hommes, quant à la question du consentement
On retiendra bien évidemment le courage de ces femmes "exemplaires" condamnées à lutter "seules" contre « la culture du viol ». Oui ! Seules face à l’impunité des « agresseurs » (quel que soit le pays) comme s’il y avait une connivence en haut lieu (justice police politique), face à l’abandon quasi systématique des pouvoirs publics, des forces de l’ordre, des géants du web. (Interviewée Donna Zuckerberg, soeur du fondateur de Facebook, critique ouvertement l’immobilisme des plateformes numériques en matière de messages haineux et cyberharcèlement, dont celle de son frère )
Les preuves? Marion Séclin, comédienne et youtubeuse, a mis en ligne de nombreuses vidéos humoristiques et féministes ; face à un déchaînement destructeur « toléré» elle est contrainte de quitter le web pendant deux ans, sur les conseils de … :!! Pire : Kiah Morris, a dû abandonner son métier et déménager ! Elue en 2014, seule femme noire de la Chambre de l’Etat du Vermont, pendant 2 mandats, elle démissionne en 2018, Alors que triomphaliste, caracole sur le web un des instigateurs de cet exil, un raciste d’extrême droite….
Ce qui se passe en ligne se passe aussi dans le monde réel.
Colette Lallement-Duchoze