19 septembre 2023 2 19 /09 /septembre /2023 05:29

d'Ahmad Bahrami (Iran 2020)

 

avec  Ali Bagheri, Farrokh Nemati, Mahdieh Nassaj

 

77e Festival international du film de Venise,  prix Orizzonti.‌

 

Prix 2021 du jury international au Festival Nouvelles Images Persanes à Vitré

Quelque part perdue dans le désert iranien, une usine de briques est obligée de fermer face aux contraintes économiques. Les différents employés accusent très différemment le coup. Le superviseur Lotfollah joue les intermédiaires entre le patron et les ouvriers. Né et grandi sur place, il n’a jamais quitté l’enceinte de l’usine. Il va tenter d’accompagner les différents membres de la communauté – et notamment la belle Sarvar qu’il aime en secret...

The Wasteland

Une merveille qui allie une critique du monde du travail -ou plutôt la dénonciation des conséquences tragiques de la crise économique sur les classes ouvrières d’Iran – et une réflexion sur le cinéma (ne serait-ce que par la maîtrise d’un somptueux noir et blanc, le recours à des procédés cinématographiques et des pratiques de tournage de ce qui a fait du cinéma un ART)

Le choix d’un format carré permet d’enfermer les « travailleurs » dans le processus inexorable de la « mort » Mort de la fabrication artisanale de la brique, devenue trop coûteuse et le « discours » du patron censé l’annoncer reviendra de façon récursive (à chaque fois un nouvel élément vient corroborer les prémices) Dès le début, en pensant à mon scénario, à la mise en scène, un mot me revenait tout le temps en tête : le cercle. Il fallait que chaque dialogue, chaque mouvement revienne à son point de départ… La vie des personnages est une vie répétitive. Alors la forme devait suivre ce contenu. Ce procédé laisse au cinéaste le « temps » de montrer la lente agonie, en changeant les « points de vue - familles de travailleurs, querelles inter ethnies, délations. Et au spectateur celui de « comprendre » les effets pervers de l’embargo, l’obéissance servile du travailleur (qui aurait toutes les raisons de se révolter …) la toute-puissance du chef sous couvert de paternalisme, le contexte socio-religieux qui accorde au mâle tant de privilèges (et Sarvar a conscience de son statut d’épouse intérimaire !) Lotfollah (intermédiaire docile entre le patron et les ouvriers) est comme l’épicentre du récit

La matière à l’état brut est dans The Wasteland un personnage  à part entière! Matière telle qu’elle apparaît dans ce premier plan où se dressent géants des blocs de glace (destinés à étancher la soif des travailleurs œuvrant sous un soleil de plomb). Matière que cette poussière dégagée par la fabrication des briques ; poussière qui enveloppe les corps ; chaleur que les pores exsudent. Et cette lancinante bande son (thème musical composé par Foad Ghahramani, mais surtout rugissement du vent. Vent de l’histoire ?….)

Tout concourt à faire de cette usine, un tombeau : les formes en dômes l’allée souterraine avec les ombres portées, les cellules rudimentaires comme lieux de survie, mais antichambres de la mort ; jusqu’à ce drap blanc qui tel un suaire couvre le corps après une « rencontre » avec le patron !!! Des plans séquences presque tétanisants dans un univers entièrement minéralisé, creuser jusqu’au désespoir, jusqu’à l'ensevelissement???

The wasteland une fable intemporelle ?

The wasteland, microcosme de la société iranienne ?

The wasteland un film à ne pas rater (dernière séance ce jour à 18h)

 

 

Colette Lallement-Duchoze

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