20 septembre 2023 3 20 /09 /septembre /2023 05:57

de Yolande Moreau (2023)

avec elle-même (Mireille) Gregory Gadebois, Esteban, Sergi Lopez, Thomas Guy, Anne Benoît, Aïssatou Diallo Sagna, François Morel, Philippe Duquesne

 

prix du scénario Angoulême 2023

Amoureuse de peinture et de poésie, Mireille s'accommode de son travail de serveuse à la cafétéria des Beaux-Arts de Charleville tout en vivant de petits larcins et de trafic de cartouches de cigarettes. N'ayant pas les moyens d'entretenir la grande maison familiale des bords de Meuse dont elle hérite, Mireille décide de prendre trois locataires. Trois hommes qui vont bouleverser sa routine et la préparer, sans le savoir, au retour du quatrième : son grand amour de jeunesse, le poète.

 

La fiancée du poète

 L'écrivain est une sorte de voyant émerveillé  (Pieyre de Mandiargues)

 

Le portrait de Rimbaud en icône dans une pièce de la grande demeure et comme effet spéculaire le « grand cerf » ce gardien témoin confident ?

La sculpture du cerf qui trône dans l’allée, accueille les hôtes, servira de ponctuation- d’abord dans un cadre étréci voici la comptine « dans sa maison un grand cerf » mimée par l’enfant, puis dans des plans plus larges des étreintes où l’encolure de l’animal épouse les caresses de Mireille (ou l’inverse), en une courte vision onirique on entendra raire le dix cors, avant qu’il ne soit arraché au socle de l’enfance et « embarqué » pour une nouvelle aventure !!!

Certes le film de et avec Yolande Moreau n’a rien de rimbaldien, hormis la fantaisie. Mireille préfère citer Valéry Chateaubriand et bien d'autres, réciter André Pieyre de Mandiargues dont elle fut « la fiancée » - mais  dont la véritable identité lui sautera aux yeux sur le petit écran de la télévision en prison (émission Apostrophes) Je lui avais donné mon âme, il en a fait un champ de ruines

Elle la victime d’un « faussaire » (jeu de mots facile avec faux cerf) incarne une dualité qui est le lot de l’humanité . Le  film est bâti sur l’alliance souvent "foutraque"  de deux forces « opposées » vérité et mensonge : voyez le jeune étudiant des beaux-arts exercer son talent dans la « reproduction » des toiles de  maîtres incontestés (dont le fameux Pornocrates de Félicien Rops) le faux rocker Elvis qui change d’identité pour ne pas être reconduit à la frontière, et Bernard (excellent Gadebois) jardinier…travesti ; mensonge que ne renie pas dans un discours jésuite le « prêtre » (déroutant et convaincant à la fois William Sheller)

 

Oui le film de Yolande Moreau a quelque chose de si rafraîchissant que l’on oubliera les faiblesses du scénario, l’abondance de clichés (les reflets, la séquence muette avec le collectionneur, et même la bal(l)ade nuptiale) ainsi que l’aspect "bricolage" 

 

La « famille » dont s’entoure Mireille/Yolande est à la fois «une famille de cœur et une famille de cinéma » (cf le casting ; le duo dans l’habitacle de la voiture avec Morel le compagnon de Deschiens) Tendresse et solidarité dans l’adversité (même écouter l’autre par une trappe n’est pas intrusion maligne ou éhontée mais support à l’entraide !)

Un film où l’humour sert  une réflexion sur l’altérité et l’amour, un film qui emprunte à divers « genres » pour illustrer une « renaissance ».

La fiancée du pirate : un conte qui exalte le pouvoir des mots et des couleurs (le portrait de Yolande Moreau, aux couleurs pastel réalisé par Sophie Morisse irradie tout le film dont il  serait la clé de voûte???)

 

Colette Lallement-Duchoze

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