22 août 2023 2 22 /08 /août /2023 10:32

programme de deux courts métrages inédits La voix humaine (2020) et Strange way of life (2023) 

 

La Voix Humaine  (2020)

drame théâtral avec Tilda  Swinton

 

Depuis trois jours, une femme, recluse dans son appartement avec un chien, attend avec fébrilité l'appel de l'homme qui l'a récemment quittée. Tandis qu'elle sombre dans le désespoir, la sonnerie du téléphone retentit et la sort de sa torpeur

L'expérience Almodovar

"Mon rêve était de disparaître avec toi, n’importe où".

 

Un décor (théâtre ? cinéma ?) un plateau désert (parce que déserté par ?) une femme éblouissante dans une robe (Balenciaga ?) d’un rouge éclatant ; puis toute de noir vêtue (comme si elle changeait à la fois de peau et d’intériorité) ; seule, elle  arpente comme hébétée des lieux dont la facticité contraste avec le tourment profond (que nous devinons).

Suit un générique facétieux : des instruments des ustensiles de quincaillerie agencés en forme de lettres

Le décor -une vue aérienne prouve, si besoin était, que les "pièces"  sont agencées en enfilade pour un espace provisoire et sophistiqué – sera celui d’un appartement. - soit une « boîte » dans une plus grande ! Une hache délicieusement empaquetée, un chien en laisse, ou déboussolé, des produits de beauté de marque jouxtant des boîtes de comprimés, un costume noir épousant sur le lit le corps de l’absent !!! nous  suivons la femme  d'une pièce à l'autre dans l'attente  fébrile d'un appel téléphonique 

Almodovar va revisiter le texte de Cocteau en l’actualisant  et en l'irriguant de ses propres appétences

 Il reste fidèle  à certains extraits du monologue de 1930 - des plans rapprochés ou gros plans sur le visage de Tilda Swinton quand elle répond à l'appel tant attendu, saisissent le désarroi d'une femme abandonnée  et recluse (même si  fanfaronne elle avoue avoir "bien profité"  de la Vie!!!

Le décor devient un personnage à part entière: mobilier tableaux luminaires, bar en bois courbé, chaises Art déco à imprimé léopard, couleurs; apparemment tout cela contraste  avec les tenues si ajustées que porte Tilda Swinton -même si leurs couleurs sont éclatantes. On sait les exigences du cinéaste espagnol pour créer harmonies ou dysharmonies entre  un "environnement"  et ses personnages

La pièce de Cocteau revisitée aura une  fin  ouverte - sens propre :sur l’extérieur, après l'enfermement ; sens figuré  sur un futur désormais maîtrisé  Délaissée par l'infidèle ,  la femme  impose sa voix au chien (qui n'obéissait jusque-là qu'à son maître) et surtout change la donne,  elle sera  " maîtresse"   de son propre destin ! (ah l’impériale Tilda Swinton) . De TOUT faire table rase: en mettant le feu à l’appartement elle brûle aussi  ce qui la reliait à l’homme  (costume déjà lacéré à coups de hache, valises -qu’il était censé venir chercher-,  et surtout  illusion de l’amour….)

Un court métrage d’une puissance à la fois suggestive  et flamboyante 

Un court métrage à ne pas rater ! 

 

Colette Lallement-Duchoze

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